18 septembre 2012

Leur talion sans loi


Entre ces deux récents événements, quel est celui qui vous indigne le plus ?
a) L’innocence des Musulmans de Sam Bacile, réquisitoire contre le prophète.
b) Les violences meurtrières qui ont suivi.
(Échantillon représentatif de deux mille personnes de confession musulmane.)

Voilà un sondage qui serait utile pour rendre compte de l’état réel d’une partie croissante de la société française.

Dans un C dans l’air titré « L’Islam s’embrase-t-il ? » Calvi et ses invités ont passé leur temps à souligner l’indigence, la médiocrité et la débilité du court métrage, se désolidarisant ainsi nettement de cette production voire s’excusant de devoir faire une analyse sévère des déchaînements barbares qu’elle a engendrés. L’échelle des valeurs se fragilise au point de prendre en compte la mauvaise qualité d’une œuvre dite blasphématoire pour compenser son approche critique des conséquences. L’intolérable n’est que dans le déferlement de haine qui a suivi, dans cette volonté d’incendier, de lapider, d’écraser tous ceux qui osent ne pas croire dans leur dieu et ne pas respecter leur prophète.

Le printemps arabe m’avait enthousiasmé. Le crépuscule salafiste est en train de s’y substituer. Naïvement, nous espérions pour ces pays libérés du joug autocratique une aspiration majoritaire à une liberté respectueuse de toutes les opinions. Ce n’est pas tellement la présence des intégristes qui inquiète, on pouvait largement l’anticiper, mais le silence et l’inaction de ceux qui louaient le soutien des Occidentaux à leur Révolution.

Pour revenir à la France, a-t-on oublié les attaques bien plus sévères du magazine Hara Kiri de l’insoumis Choron contre la religion catholique et Jésus-Christ ? Cela a-t-il provoqué de tels actes disproportionnés ? Notre vingt-et-unième siècle se laisse gangréner par la régression obscurantiste. Je souligne ces différences d’autant plus aisément que je ne crois à aucun dieu.

Autre point sensible : il y aurait une inégalité de traitement des attaques selon qu’elles visent les Juifs ou les Musulmans. Là encore, il faut ôter ses œillères idéologiques. Si l’on retient les moqueries contre la religion et les croyants, la création française (notamment les humoristes) n’épargne en rien le judaïsme. Si l’on se fixe sur des faits historiques, alors oui il y a une loi, que certains estiment liberticide, qui réprime le révisionnisme. Quel est le fait historique de cette dimension traumatisante et avec cette proximité temporelle qui mérite une protection particulière au regard d’un négationnisme actif ? Sans l’intervention du Conseil constitutionnel, le législateur protégeait de la même manière le génocide arménien. Il n’y a donc pas d’exclusivité prédéfinie ; seule l’urgence à combattre un prosélytisme jugé indigne pour les victimes peut appeler une loi restreignant la liberté d’expression.

Un élève de terminale, d’origine marocaine, déclare ne pas se reconnaître dans les valeurs de la République, ce qui est son droit strict, mais déchaîne sa violence, telle une justice personnelle, simplement parce que ce qui lui est répondu ne lui convient pas. L’enseignant frappé a finalement confirmé la toile de fond politico-religieuse de l’échange. Qui tape un prof, tue un ambassadeur…

Des dizaines de milliers de personnes ont été assassinées par des terroristes se revendiquant de la religion islamique. Verra-t-on un jour, en France, une manifestation massive des Musulmans condamnant les violences meurtrières faites au nom de leur religion et soutenant la liberté d’expression d’une société laïque ? Certainement… quand les salafistes mangeront du porc.


01 septembre 2012

“My chair for a ligament !”


Une journée grise comme un mois de Septembre, au diapason des réjouissances plus ou moins annoncées.

Juillet m’a donné une liberté vagabonde : des charmes humides de la région nantaise aux rayons méditerranéens de l’Hérault non premier ministrable en passant par l’Ariège et les pierres cathares de Foix. Apothéose affective fin juillet vers Rambouillet pour célébrer une belle union couronnée par ma rupture… d’un ligament croisé antérieur. L’enthousiasme pour cette réception d’exception m’a fait louper la mienne : peu après la pièce montée j’opère un semblant d’envol vers un ballon festif et clac ! le genou droit démonté.
Juillet fut virevoltant, Août marque un arrêt pour reposer puis rééduquer le membre traumatisé comme une Grèce en crise. A défaut de bouger ma carcasse, j’ai pu mélanger sans précaution les éclats et fracas du monde. Alors que les aoûtiens s’interdisaient cette déprimante actualité, ne goûtant aux médias que pour les mouvements olympiques, je compensais mes boiteries par une nage phelpsienne au cœur des événements. Eh oui ! en août on ne fait pas qu’écarter les orteils.

J’avoue ne pas avoir toujours conservé l’esprit très clair. La faute au cumul du sac de petits pois congelés sur le genou et de l’ambiance caniculaire pour le reste du corps. J’ai espéré une mise en orbite martienne de  l’ensanglanteur syrien après le coup d’éclat d’Annan, mais rien à faire il parade toujours. Décevante prestation de l’ouragan Isaac qui, sans doute après avoir perdu son triple A, n’a pu catapulter les Bachar el-Assad et Anders Breivik loin de notre sphère bleutée. Alors on se garde le tout et en prime on libère l’épouse Dutroux. Le monde détourne décidément très bien l’humanisme pour le bal des salauds.

J’ai alors tenté d’alléger l’atmosphère grâce aux pérégrinations d’Assange qui croit encore être au centre des persécutions alors qu’il n’est qu’à l’ambassade équatorienne. Il faudrait lui rappeler le principe de la paille et de la poutre : avant de réclamer la transparence des systèmes, jaugez l’opacité de votre propre personne. Le chantre de la glasnost étatique se défile face à la justice suédoise : révélateur d’une bien factice crédibilité.

Dommage que l’Équateur n’ait pas pu ouvrir son ambassade russe aux sympathiques Pussy Riot qui ont eu le mérite de souligner le jusqu’au Poutisme criminel du théoricien de l’exécution « jusqu’au fond des chiottes ». Face à cette arriération étatique, rêvons d’une avalanche de punkettes qui le pilonnent sans retenue jusqu’à exploser sa virilité sacrée.

Et à l’intérieur, quoi d’neuf docteur ? Pas mieux ! Ça crame d’Amiens à Marseille, rebaptisée cité “fosséenne” puisque la sentence mafieuse envoie un maximum de condamnés dans le trou final : en France un secteur ne connaît aucune récession, la délinquance. Des cent jours fêtés à Brégançon aux jours sang loin du Fort, la France cultive ses contrastes.

On pourrait au moins sauver le soldat Samaras qui vient de faire sa tournée des euroboles. Quand on sait que l’obole était au XVIème siècle une monnaie grecque qui équivalait au sixième de la drachme, on peut comprendre l’humiliation ressentie par le Premier ministre. La dernière rencontre franco-allemande n’a pas dû le rassurer : le consensus n’a porté que sur une présentation commune des résultats de la rencontre sans intervention journalistique. Pour résumer : se leurrer soi-même et museler l’autre. Le faux duo Merkel-Hollande a succédé au feu couple Nicolas-Angela. Les membres de l’Union européenne se supportent de plus en plus mal et l’un des miens me porte encore difficilement. Le risque d’effondrement n’a jamais été aussi prégnant.

Et dire que l’empreinte lunaire de Neil est orpheline. Et que répondre à la Camarde qui nous a pris l’incisif Polac ? Il nous reste un devoir, que le journaliste touche-à-tout honorait avec acharnement, celui de l’esprit critique à tout prix.