26 juin 2010

Visez la Tête d'Or !

Rouler en équilibre : le tracé protégé m’y invite. Début de parcours parallèle aux rails, comme l’est le mur d’hommage aux grands noms de la Résistance. Ne pas renoncer, donc, même au prix de ne rien amasser, de se couper des contemporains.

Suivre la piste pour apercevoir, sur la scène d’un terrain vague, le choc entre les extensions urbaines et les cahutes de quelques réfugiés clandestins en sursis. Chaque univers a ses raisons d’être : je passe, indifférent, le vent porteur, l’oubli prématuré.
Cap vers les bords du fleuve, via une artère verte, touffue, qui favorise la sérénité et conforte mes choix. Allégé de l’aliénante automobile, dispensé des transports en commun, j’aiguise ma liberté en délaissant les obsessions collectives : point de permis de conduire, sans goût pour les entassements festifs, rétif aux familiarités bien intentionnées.

Longer le courant et s’inspirer des espaces à parcourir. Une étude récente souligne la capacité des chimpanzés à guerroyer pour étendre leur territoire. Une proximité humaine qui réduit notre évolution à ses volets techniques et artistiques. L’humanisme attendra encore son heure pour élever notre espèce.

La nature au cœur de la ville, j’y suis presque : quelques tours de chaîne, des rayons qui tournoient au bon rythme, un pédalier débridé… Halte première face à l’étendue liquide bordée de touffus aux cimes dansantes. Un qui ne virevolte plus depuis longtemps, c’est l’ankylosé Jean-Luc Hees. Il a rendu son verdict contre le turbulent Guillon étiqueté « petit tyran » à l’instar de son compère Didier Porte. C’est la lourde pour le duo terrorisant. Allez enfiler vos perfidies ailleurs ! Le Val pédale dans la semoule de ses contradictions adoubées par le sphinx Hees à l’honneur ressuscité.

Halte seconde au sein de mon cocon vert favori, entretenu de près, aux atours libres. Alterner l’ombre fraîche et l’astre brûlant : rien pour heurter, un moment bisounours qui me laisse goûter à une nature domestiquée. Protégé par cette palette de verdure, je néglige mes indignations. Un peu de Django Reinhardt pour relativiser ma partition : je concerte en notations minoritaires dans ce tohu-bohu obtus.

Depuis ces terres lyonnaises, je défie ma dernière décennie du Vingtième : errance septentrionale pour une mission d’intérêt particulaire. Au bleu chaud de l’accueillante Lugdunum, se décolorent les accroches passées, les ternes saisons, les poisseuses humidités, le smegma érigé en fine liqueur, les monomanies travesties en vigoureuse idéologie.

Laissons couler et, comme dirait Michel Cymes, vive l’incontinence anale ! Signé : un diarrhéiste, pour vous maudire.

20 juin 2010

Domenech nique, niqué !

Raymond Domenech vient d’être retrouvé pendu au milieu de sa luxueuse suite, ultime acte de cette sordide tragédie. Dans sa poche, une lettre d’insultes : « Fils de pute, ta race on va te la faire bouffer jusqu’aux couilles ! Enculée de balance ! Coach de merde ! Tu vas crever ! » La chasse au traître, préconisée par le capitaine des bleus délavés, désormais rouge sang, s’achève. L’enquête doit déterminer les circonstances du décès.

C’est bien l’entraîneur qui avait osé révéler à sa compagne journaliste les mots doux d’Anelka. A l’affront des insultes, Domenech ne voulait pas ajouter la lâcheté du silence.

Avec cette mort violente, on doit enterrer un système qui a favorisé les salauds aux gros egos surfriqués. Ce groupe n’était qu’un conglomérat d’opportunistes. Ils cultivaient une solidarité de coqs enfiévrés pour le combat interne, certains mettant au cœur de leurs principes l’indigne omerta sur les crasses qui s’opéraient dans cette équipe de rances.

La main baladeuse de Henry, le zob suintant de Ribéry, la sale gueule d’Anelka et désormais la langue pendante de Domenech : l’aventure, non pas jouée mais tristement singée, de l’équipe nationale française se résume à un sommaire puzzle organique à gerber.


Et dire que soixante-dix ans après l’engagement d’un homme cardinal contre une calamiteuse capitulation, notre pays s’agite pour une défaite risible à la baballe. La France de 2010 a le symbole qu’elle mérite : un peu de merde sous un cadavre qui se balance…



11 juin 2010

Terrain d’enjeux

A ce stade avancé des incertitudes, les cages nationales déploient leurs filets clamés protecteurs, rets anesthésiants. Chacun creuse ses déficits : groins revendicatifs comme autant d’excavateurs dans des finances depuis bien longtemps épuisées. Mettre le holà à ces dépenses au-dessus de nos moyens réveillera-t-il l’envie d’un chaos collectif ? De la bouse aux godasses, oui, pour nous, les spectateurs de la tragédie financière. En cœur, l’hymne funèbre !

Choper quelques balles perdues, au rythme d’une partie à vau-l’eau : le match entre puissances nous smashe très loin. Règle universelle : ne pas laisser voir ceux qui sont à portée du gouffre. Les victimes campent toujours hors du jeu des captateurs.

Siffloter en rase pelouse, en fantasmant d’abondants feuillages, voilà la coupe sordide du monde en sursis à siffler jusqu’à sa lie. Nos années molles font le jeu des gredins en veille, prêts à tacler sans distinction les systèmes, les principes et les conventions pour que fructifie le jus crade de leurs affaires.

Reste à regarder jouer la trique du Nord qui ne laissera pas s’évader le fric du Sud. On fait mine d’accorder enfin sa chance au continent exploité, mais on confie les rênes du show à sa nation la moins clairement libérée d’une élite aux tronches pâles.

Le scrogneugneu a fini de faire la fine bouche… lèvres épaisses, enthousiastes face au ballet de gambettes qui s’élancent, contournent, se détournent pour mieux subjuguer la ligne de pieds adverses. La volée de tirs galvanisera un public aux cordes vibrantes. Aller au fond, voilà l’impératif, comme un appel des abysses.