01 décembre 2022

Des cendres, en fait !


Assumer  de consumer ses restes en lambeaux, dans un isolement forcené, à l'aune de sa révulsion gangrénante. Dévastation en rage, amorphe tutoyant le nihilisme, perdition sans retour. Reste le silence, seule voie de l'ancrée souffrance : se laisser ronger par l'impossible, abandonner toute trace d'humanité et rejoindre le néant, doucement, en nuances cadavériques.

Etre dans l'angle mort de l'existence pour ne surtout pas être perçu, voilà le résultat de décennies scripturales : monomaniaques indignations, confessions infimes, retrait terminal. Objets, accueillez-vous un drame ? De la plume inutilement coulante aux feuilles zébrées d'absconses courbes, il faudrait assécher la prisonnière expression, s'enterrer au fond de l'impasse. Emotion sans issue, analyse débilitante, réaction léthargique.

Se minéraliser pour supporter le calvaire : au bout du sentier embrasé, le précipice. En cendre, pour s'éparpiller au gré des courants, sans plus d'attache, en route pour l'infinitésimal. Disparaître.

19 novembre 2022

Virez-le de son poste !


Un journaliste, sur le plateau de C dans l'air, avance l'équivalence entre l'inculte Hanouna, rigolard tout juste compétent pour ânonner ses insultes, et feu Polac, littéraire, subtil, réfractaire... Aucune réaction parmi les autres invités, comme si ce grotesque parallèle allait de soi.

La forme des débats, dans Droit de réponse, pouvait certes atteindre la tonitruance et parfois l'outrance - notons que le cendrier jeté vers la tête d'un invité l'avait été par un invité et non par l'animateur - mais gardait une assise intellectuelle que Polac savait entretenir. Chez l'autre, et son poste vide jusqu'à l'effondrement sur lui-même, rien que de l'invective de caniveau coulant de celui qui doit tenir les échanges.

Sur le tempérament de chacun : là où Polac a eu le brio d'envoyer paître Bouygues et sa "télé de m...", le si conformiste Hanouna lèche consciencieusement la raie financière de Bolloré. Il entretient ainsi, jusqu'à l'écœurement, un poste à ne surtout pas approcher et à encore moins toucher, sous peine de se tacher d'incommodantes éclaboussures.

Il y a quelques années, d'aucuns voyaient dans les vers du bourge mal rappé Booba les dignes successeurs de l'incandescence célinienne ou des fulgurances d'Artaud. Rien que ça !  Pas étonnant qu'aujourd'hui le primaire Hanouna soit considéré comme de la même veine que l'érudit Polac. Le tout-se-vaut devient la norme.

"Adieu les cons !"

10 septembre 2022

Mont carné de vers


Grappes nées de moi se tortillent
Ne plus être, paître au néant
Ondulatoire
Écœurante vie grouille dans chaque coin de soi

Tripes ensevelies, festin de mauvaise aloi
Cristallins parcourus de gourmands vers
Oscillatoires
Entre deux glaises, la cohorte s'acharne
Ne laisser que de vagues traces carnées
S'évacuer enfin vers les entrailles célestes
Combler ainsi ses entailles terrestres
Territoire fendu, moribonde trajectoire :
Dans lit à bascule, à poings fermés se faire saigner
Plaie cachée sous lèvre supérieure
Marrons originels
Se hérisser au monde, stratifier ses peines
Dans la cour de dégradation
Réconfort d'un tronc

Observer les braillards scolarisés
Puis
Leurres d'un château l'autre
À la sordide sauce heïmienne
D'O...miécourt à Au...tremencourt
Pituite pseudo affective
Pervers en chef, le mesnique libidineux
Défonceur de chairs fraîches
Posture de hobereau
Vomissures de salaud
Cloisonner pour mieux pédiquer
La gondole exemplaire : engagement, combats, publications
Les entrepôts éjaculaires : progénitures, ouailles confiées
Tout à l'aune de ses spermatiques défécations
Minablocrate
Crevé sans avoir été jugé
Désormais
L'Être de Vie m'étant inaccessible
Je laisse couler le temps
Avec juste quelques montées massacreuses
Contre les raclures du XXIème siècle.

15 mars 2022

Aux larmes Ukrainiens !

 Encore faucher des vies au nom d’abstractions : nation, pays, frontières… L’acharnement du belliqueux Poutine comme du résistant Zelensky va faire s’affoler le compteur cadavérique. Les obstinations réciproques retardent à coups de ruines tombales l’inéluctable survenue des négociations.

A l’inverse de la gestion mondiale de la Covid-19 qui nous avait démontré que la préservation des vies passait enfin devant les contingences bassement économiques, la guerre entamée impose l’infâme et multiséculaire modèle du territoire avant la vie : devoir attendre un, deux, trois millions de morts pour, à la fin, finir autour d’une table. Le coût des vies payées n’est-il pas outrageusement disproportionné par rapport aux gains obtenus dans ce combat sans merci ?

Le coup d’éclat salvateur d’un Zelensky, ayant appris des morbides leçons de l’histoire, consisterait à oser déclarer la reddition d’un pays qui, au contraire de ce que développent de fumeux experts, ne peut militairement pas vaincre l’armée russe. Le tragique de l’histoire c’est l’entêtement à faire empirer la situation en remettant à plus tard l’issue négociée.

A l’obscène pouvoir d’un Poutine lançant sa machine de guerre répond l’héroïque jusqu’au boutisme du Président ukrainien qui shakespearise les perspectives : la dignité d’une nation par la mort de ses habitants. L’OTAN a clamé dès le premier jour de guerre qu’elle n’interviendra pas ; l’Ukraine doit se montrer plus civilisée que l’autocrate qui l’agresse. Une reddition unilatérale aurait une salutaire saveur alors que tout n’est qu’escalade guerrière avec sa floppée de charognes innocentes. Prendre le contrepied de la tentation du talion, faisant ainsi taire les armes, est le seul risque louable à tenter pour échapper au sombre crescendo.

Tant à perdre dans l’obstination que cela vaut bien une volte-face. Songer à tous ces massacres inutiles, à ces ravages insensés, aux haines démultipliées qui servent les semeurs de mort ; oser tout de suite le courage de la reddition, plutôt que d’être submergé par les corps de ceux qui n’aspirent qu’à une tranquille existence, loin des fracas géopolitiques, et reconnaître la vanité des voies guerrières.

L’humanité est-elle vraiment en âge de dépasser cette sempiternelle mécanique de la surenchère sacrificielle ? Ecouter les larmes de son peuple plutôt que les armes de l’ennemi.

05 mars 2022

Carnet de mort

Affleurent les plaies entre deux prières décharnées. L'écho d'une dévastation : à tant couler ses larmes dans le plomb, le son tombal s'impose. Horizon sans courbe, aspiration étouffée, en voie de fission délétère.

Que l'hémorragie des rets asociaux pour toile sans fonds perpétue son trop-plein d'infections : pseudo monde aux hystéries binaires.

Que les Etats tissent leurs sacs mortuaires avec l'arrière-goût du cadavérique Vingtième qui n'en finit pas d'empuantir son convulsif successeur.

Tout cela n'a plus aucune emprise. Détachement : surplus de souffrance qui insensibilise et rend incongru le fait même d'appartenir à l'espèce humaine. Nausée à gerber son restant d'âme : retrait sans aménagement, juste fondre en fosse, seul.

Pour toi, seule source de vie ôtée, ces quelques mots pliés et repliés avec pour fenêtre tes méninges légendées. Ne surtout pas être lu, encore moins commenté. Que cette page demeure sans lien.

A midi, le ciel est noir : les yeux se ferment.