11 novembre 2007

Digression

La nature automnale défile en ce matin bleu, quelques gelées blanches émergeant au gré du frimas en volutes prégnantes. Qu’elle est belle cette France effleurée à grande vitesse : les pastels d’une nature en voie d’hibernation s’écoulent au fil des courbes agrestes ; les logis truffent, sans jurer, les vallons et mamelons mis en branle par notre fuite vers le Nord. Trompeuse immuabilité de ce fragile enchantement du hasard et de la vitalité dardé par les rayons de l’astre ascendant. La vie ennoblit terres et roches ; l’esprit vagabonde, aspirant à une harmonie utopique.


L’humanité déçoit par son contingent de malfaisants. Aucune catégorie, section, parcelle de l’espèce désignée dans cette cohorte hétéroclite : de la petite frappe profiteuse, centrée sur la satisfaction immédiate de ses ineptes besoins, surtout au détriment du bien commun, jusqu’au notable se torchant avec le contrat social pour combler ses intérêts. Chacun, dans sa sphère méprisante de l’autre, désespère un peu plus du système collectif salopé. Se contenter d’observer illusionne sur sa propre capacité à échapper à la bourbe ambiante. Revenir aux beautés sans conscience d’une nature offerte. La tension vocale d’Alanis Morissette, l’émotion croissante de That particular Time bouleverse mes ronchonnements, plongé dans cette nappe brumeuse qui occulte les merveilles d’un espace débarrassé des fatuités sonores, des salauderies braillées, des inepties débitées pour se rassurer de sa présence à l’autre.

L'auteur, "petiot"
Poussée misanthropique, comme un gênant urticaire à dissimuler… je ne veux pourtant pas l’ignorer. Elle rythme, depuis petiot, mon rapport à ce monde. Des plongées dans son histoire à l’imprégnation quotidienne de l’actualité, je ne parviens pas à rester enthousiaste.
Si l’extrême majorité, à laquelle je m’agrège, ne fait que vivoter en s’accordant quelques excroissances jouissives, la part malfaisante dévoie les règles collectives du bien vivre pour enfler leur ego et satisfaire leurs folies ordinaires.

Revenir aux étendues esthétiques pour reposer un peu ses tourments et espérer que l’aventure humaine ne s’achève pas dans un chaos nihiliste…