22 février 2025

Les Trente Libidineuses

 Le 21 février à 5h49, la consultation de l'actualité via le numérique me fait tomber sur un article consacré à l'établissement scolaire catholique Bétharram avec, comme pédocriminel en chef, le père Carricart qui s'est suicidé en 2000 lorsque les premières plaintes pour viol ont été déposées. Parmi les figures terrorisantes du lieu, un surveillant surnommé "Cheval" - en référence à une chevalière qu'il portait - et dont l'article ne donne malheureusement pas l'identité réelle (un certain Danien S. indique un autre article). Le massacre sexualo-psychique a eu lieu au cours des années... 70, 80 et 90, les trente libidineuses, comme un écho aux agissements de l'immonde Heïm, M.-G. Micberth, et à ses châteaux d'Omiécourt puis d'Autremencourt, véritables antres à crimes sexuels commis sur la quasi-totalité des enfants de sang ou confiés dont il avait la charge.

Notre-Dame-de-Bétharram

En lisant ces lignes me revient le documentaire "La Conspiration du silence" et la lourde atmosphère visuelle et sonore qu'il exhale pour rapporter les abominations commises par les tueurs en série de l'Yonne au cours de ces mêmes décennies. Poisseux climat qui colle à l'épiderme, rosée qui prend des airs de cloaque, nature qui s'engrisaille par l'enveloppe brumeuse... tout cela je le ressens aux tréfonds lorsque je replonge dans ces années de faux-semblant manipulatoire, de prétendue affection à la stratégie prédatrice, de hobereau singé respectable mais à la puante âme sordide. Lui aussi, comme le révulsant Carricart, est mort sans avoir été jugé. Je suis le seul à laisser quelques traces écrites sur ses méfaits : le brouillon témoignage extrait d'un Journal tenu depuis 1991 qui révèle, après l'an 2000, la prise de conscience de ce que le sale bougre a commis, détruisant l'existence à venir de ceux dont il a usé et abusé.

Dans cet article, qui rapporte les propos de Dominique - pseudonyme laissant supposer tout le poids  non assumable encore présent - cette phrase choc : "Ils voulaient des éphèbes, les ados poilus ne les intéressaient plus". Serait-ce pour cela que Heïm s'est limité à une seule et bien minable tentative avec moi ? Ma précocité dans les attributs de la puberté m'aurait-elle sauvé, au contraire d'autres enfants, des viols à répétition ? Peut-être que de n'avoir eu à subir qu'une amorce sans lendemain m'a préservé du désastre psychologique enduré par les victimes de longue durée.

Château d'Autremencourt - 2006

Que faut-il penser de ces années d'omerta ? Une odieuse permissivité post libération sexuelle ayant désinhibé dans l'impunité ces criminels ? Tous ces cadavres qui reviennent à la surface replacent mon "Heïm le maudit" dans un suffocant florilège des horreurs qu'on ne doit pas évacuer. Les périodes de paix ont aussi leurs plaies, mais elles se dissimulent sous la paisible vie-sans-histoire avec l'abjecte complaisance de ceux qui subodorent, savent voire couvrent pour ne surtout pas remuer-la-merde.

Ne nous leurrons pas : ce penchant perdure car il est le sale penchant de la nature humaine. Violence conjugale, alimentation empoisonnée, dérèglement climatique, crimes contre l'humanité à Boutcha comme à Gaza, exploitation de millions de data-workers pour faire prospérer l'insane IA, et nous faisons mine que tout-va-bien, qu'il faut profiter-de-la-vie dans une parfaite déresponsabilisation à œillères. La géopolitique récente ne fait qu'hypothéquer davantage toute espérance en l'avenir tant les malfaisants aux manettes se détournent des vraies urgences à traiter.

Advienne que mourra...

Route de l'Yonne


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