20 mars 2006

Les Croisés pour l'enlisement... ces péteux !

Jeudi 9 mars
Le son estudiantin gronderait-il sur le parvis des universités françaises ? Nouvelle démonstration d’une cohorte de petits vieux prématurés qui défilent pour l’emploi à vie. Non contents de jouer aux autruches en occultant les réalités économiques (j’entendais ce soir une représentante d’un syndicat d’étudiants réclamer l’embauche massive de l’Etat, pour approfondir nos déficits abyssaux : l’idéal !), ils affichent une conception démocratique qui s’apparente à l’intimidation syndicale pour ceux qui veulent suivre leurs cours, voire qui ne partagent pas leurs analyses. Invocations aux cieux d’une économie florissante pour un plein emploi… et interdiction au gouvernement de toute initiative.
Ces ribambelles gigotantes risquent d’avoir raison du CPE, outil de plus à la trappe, histoire de s’enfoncer un peu plus dans le bourbier.
Le peuple français qui gâche la construction européenne, les gesticulateurs immatures (et pas forcément majoritaires chez les jeunes générations) qui empêchent toute modernisation des moyens socio-économiques : autant j’aime ce pays pour sa terre et son histoire, autant sa population m’écoeure davantage le temps passant. Alors pourquoi s’ingénier à approfondir ?

Lundi 13 mars
Là, seule obsession : la petite, médiocre, mais si rassurante stabilité de l’emploi, rengaine éculée des trente glorieuses, mais colportée par quelques esprits malhonnêtes et opportunistes. Dès demain, le cirque gesticulatoire reprend, avec l’attente forcenée d’un retrait d’une loi votée (49-3 ou pas, l’article majeur avait été accepté par la majorité des députés), bafouant, se torchant ainsi avec le principe de la démocratie représentative.


Samedi 18 mars
Se défaire un peu des rogatons sociaux qui se perdent autour des tentatives de réforme. Aurais-je délaissé mon penchant aux défoulements contre l’Etat ? Brandir ses doléances pour ne surtout rien tenter, vagir contre l’abysse croissant et se raidir à toute amorce de comblement m’inclinent à défendre un geste qui pourrait, au minimum, recevoir le bénéfice du doute.
L’exécutif subit l’effet panurge d’un grondement social. Tenir et s’ouvrir, le fil du pouvoir exige le pire pour de Villepin : se renier par le truchement d’une rue braillarde toujours minoritaire, mais qui tonne le gong médiatique avec l’entrain éperdu d’un âge révolu. La France se cloître dans de suicidaires certitudes. Ainsi, croire que le bon Etat providence doit financer à flot pour contrer les infâmes entrepreneurs arqués, chevillés, empalés sur l’appel du pire : le dévoiement systématique des outils sociaux proposés. Le CPE aurait comme seule raison d’être l’irrésistible congédiement du malheureux, de l’esclavagivisé salarié dans les 730 jours suivant son embauche. Certitude assénée par les Croisés pour l’Enlisement (amuseurs publics, au demeurant, pour leur détournement de l’abréviation vilipendée) qui voient partout des capitalistes prendre les gueux qui traînent, exploités a priori, formés accessoirement, et finalement victimes de la salauderie patronale. Les relents prolétariens s’excitent devant tant de gorges capitalistes à trancher… Les archaïques s’ébrouent et empuantissent notre air !

05 mars 2006

Mon Panthéon en verve !

L’abbé Pierre : volée de bois sec

Le vieil abbé Pierre, lorsqu'il vitupère à tout vent, m'évoque irrésistiblement le bourru Léautaud. On se doute de ce qui les oppose, je ne vais pas m'étaler sur cette évidence. Mais combien est plus importante l'allure acquise avec l'âge.
L'intelligence est bien le vrai breuvage de jouvence. Vieux philosophes encore plus révoltés qu'hier, prêts pour se dépasser le lendemain, les connexions neuronales plus claires et plus rapides. Le discours des deux hommes est certainement le fruit de cette épuration.
La force d'aller à l'essentiel, une culture fondue dans l'idée, une dialectique tendue vers la persuasion. Quels que soient les principes défendus, leur présentation force l'intérêt. Les arguments, les références, les anecdotes, le pétillement éclairé de l'ensemble clouent sur son affligeant babil la terne humanité.
Qu'on arrête donc de nous gonfler les glandes avec la féculente pisse philosophique d'un B.-H. L. ; qu'on arrête de nous bassiner avec tous ces politicards qui se tartinent les blandices du système et ruminent la frustration du pouvoir partagé. Place aux insurgés qui rentrent dans le lard des somnolents.
18 décembre 1989


Louis Armstrong : joyeusement religieux

A écouter Louis Armstrong passer tour à tour du ronronnement métallique au grondement jovial, j'étais presque parti pour m'engager dans le corps monacal. Déficience d'un instant. Me faire noir poserait déjà un certain problème, notamment pour épater le pif, mais me laisser glisser vers, puis dans la soutane, il en est hors de question.
Certes, Armstrong embrassant le Good Book nous élève bien au-dessus des raideurs religieuses. Mais l'envolée n'est bien due qu'au seul Louis, à sa joie de vivre et à l'intense, voire paroxystique, vibration de ses cordes. Que pourrait bien sermonner un ecclésiastique après avoir écouté les rythmes swingués du noir, et l'orgiaque débordement de ses explosions gutturales ? Peut-être cela l'aiderait-il à mirer d'un peu plus loin les monumentaux postulats d'un système qui vous constiperait l'athée le plus prolixe en selles liquéfiées. Mangez mes frères.
J'ai toujours trouvé quelque chose de très laid et de très malsain dans la religion. Je crois bien que c'est son rapport à la mort qui me dégoûte. Rien de grand, rien de combattant, rien d' « illuminant ».Voyez les églises et les cathédrales de notre religion à nous. Qu'y a-t-il de plus froid ? Et puis ça n'est pas avec la hauteur des plafonds que l'on fait les grands esprits, comme dirait mon couvreur qui en est un autre.
De la grosse bête au pâle humanoïde en passant par la plus nébuleuse des immanences, tout ce qui est déifié n'apporte que rarement la joie de vivre. Et ses portefaix encore moins. Au moins Armstrong nous aura fait mouiller la Bible et juter le Coran.
Une chance que Cabrel soit encore parmi nous pour accrocher son âme au rocher. Nom de Dieu ! Un jour il va la perdre à la laisser traîner comme ça partout.
27 janvier 1990


Brûlant hommage à Bruni


Mon premier grattage pour ces pages devait imploser par la cristallisation des méfaits actuels. L'engorgement des affaires foireuses, des piètres delirium politiques, des ras de crasse toutes catégories aurait soulagé sans peine mon besoin de charcutage pamphlétaire. Non, point.
Bien que rarement éclairé par Big Média cathodique, je focalise ma plume sur l'image d'une âme incarnée dans un corps sirènéen.
Carla Bruni chez Laurent Boyer soulage une petite heure mes fureurs douloureuses sur les glauques qui transmuent notre terre en vieille croûte pustuleuse. La féminité de la demoiselle se conjugue à une lucidité sans concession et à une générosité sans parade. Le bonheur épuré nous irrigue à la seule vue du top model.
Peu importe les ronchons frisottés qui fusillent nos Schiffer, je suis moi d'instinct porté vers la beauté et non la difformité, comme vers la construction et point le saccage, l'intelligence et non l'oligophrénie, l'authenticité et point la révolte de tiroir-caisse.
Je ne connais rien de la belle Bruni, et je n'inscris que les impressions brutes comme pour une première rencontre. Pas une once de lourdeur, d'incongruité, de complaisance ou de vulgarité dans toute sa prestation. Féminité, légèreté, grâce, humour, sens de l’autocritique, et j'en passe. Peut-être ai-je été berné comme un primaire couillon, mais avec quel talent ! Il faudrait alors ajouter à ses dons la génialité.
Vraie prouesse de varier les attitudes et les propos en maîtrisant chaque émanation de soi. D'une chansonnette murmurée dans un timbre envoûtant, à la bataille de polochons improvisée, en passant par la petite course en plein air hissée sur les épaules du gentil Boyer, les facettes étonnantes de la jeune femme se confirment dans son discours sur le mariage, son métier, les hommes, son avenir, ses parents adorés, etc.
Panégyrique s'il en est. La passion reste ma règle de la haine à la sublimation. Exit les pâlots du cortex !
9 janvier 1995


Bloy : « doux comme une teigne… »

Instants délicieux pour moi : le mélange des plaisir est sur ma tablette de train. Pour les oreilles, la dernière livraison de Phil Collins, douces

mélodies inspirantes. Pour la vue et accessoirement (!) l’esprit, Le Mendiant Ingrat du cataclysmique Léon Bloy, dans une édition de 1948, encore vierge de toute lecture. C’est au coupe-papier que je dois ouvrir et découvrir les pages. Presqu’aussi sensuel que d’ouvrir une demoiselle fruitée...
Cette considération :
« 8h40 du matin, train des employés. Ces gens qui se connaissent tous, arrivent, invariablement, un petit sac ou un petit panier de provisions à la main pour leur déjeuner au bureau. Ils se serrent la main et, du commencement de l'année à la fin, échangent les mêmes lieux communs dans lesquels on les ensevelira, après qu'ils auront fait semblant de mourir. »
Terrible et dérisoire destinée du commun des mortels, ce que Heïm rassemble sous la catégorie « d'usines à merde s'agitant dans leur activité occupationnelle ».
Dans un article inédit au titre prometteur, La revanche de l'Infâme, cette définition du conducteur de voiture : « tout automobiliste ambitieux est un assassin avec préméditation ». Cela fait belle lurette que je suis conscient de vivre dans un monde de délinquants.
Décidément, les aphorismes abondent chez notre truculent désespéré : « Il y eut, autrefois, la sélection merveilleuse du Sang et de l'Âme qui s'est nommée l'aristocratie des vertus. Il y a, aujourd'hui, la sélection de l'argent qui produit naturellement l'aristocratie des imbéciles et des assassins (...). »
Allez, encore deux belles formules :
« Les peintres ont le pouvoir de faire entendre par les yeux. »
« Les Prophètes sont des gens qui se souviennent de l’avenir. » Merci Léon !
Je comprends pourquoi, il y a quelques années, Heïm m'avait demandé d'attendre d'avoir mûri avant d'entreprendre la lecture de Bloy. Son agonie, sa misère plus profonde, les jours passants, terrifient le lecteur, mais l’extrême difficulté à vivre est transcendée par une révolte éperdue.
Le mendiant ingrat reçoit quelques francs d'un tout jeune enfant, André Martineau. L'enragé lui écrit ce mot touchant :
« Mon cher petit ami. Tu es le bienfaiteur de Léon Bloy. C'est une chose que tu ne peux pas encore très bien comprendre. Mais si, gardant cette lettre, tu la relis dans vingt ans, lorsque le pauvre Léon Bloy sera sous la terre, tu pleureras de pitié en songeant à la vie terrible de cet écrivain si malheureux. En même temps tu pleureras de joie en te souvenant que le pouvoir te fut donné de le consoler quelques heures. »
C'est quoi sa misère ? Lis donc : « On commence à ne plus pouvoir nourrir les enfants. Affranchissement d'une lettre nécessaire, trente centimes, une saignée en pleine carotide, un flot de sang ! ».
Mars 1994


Coldplay : tension musicale



Le dernier titre des Coldplay confirme mon enclin pour leur teinte musicale, une espèce d’état de tension semi-dramatique qui glisse avec retenue vers l’éclatement. Un lyrisme mélodique qui m’enchante.
27 juillet 2002


Le dernier album de Coldplay : une merveille ! De tels créateurs d’enivrement musical réconcilient le plus coriace misanthrope avec l’humanité. Cela enchante, élève, inspire, transcende. Un deuxième album encore plus créatif que le premier : l’assurance d’une œuvre d’exception. Chapeau à ces Anglais ! Voilà un vrai bonheur qui m’illumine : le talent de certains artistes.
26 août 2002

Léautaud : le plus attachant des bourrus


Livraison, hier soir, du Journal littéraire de Léautaud, en dix-neuf volumes, publié dans la décennie 50, pour l’essentiel, au Mercure de France. 1 500 francs (220 euros environ) chez un bouquiniste nantais : une affaire m’ouvrant la jouissive perspective d’une replongée dans cette fresque socio-intimiste des volumes XIII à XIX. L’œuvre majeure de Léautaud enfin dans ma bibliothèque. Je vais pouvoir rendre le volume XIII, emprunté voilà plusieurs années à Heïm et dont la lecture s’effectuait entre éclipses dominantes. Le plaisir de retrouver ces pages au papier épais, presque de chiffon, ces couvertures blanches, à la sobriété trompeuse pour qui se risque à les ouvrir, ce parfum de vieux bouquin bien conservé, à l’âge serein pour délivrer l’expérience d’une vie d’homme. Me reste à m’immerger totalement dans le monde de Léautaud : la galerie de portraits des gens qui comptent dans la littérature, ceux fustigés, les allusions à une actualité à recomposer.16 avril 2002
Lecture de quelques semaines de l’année 44 dans le volume XVI du JL de Léautaud : l’horreur ressentie et inscrite face aux massacres systématiques (comme celui ayant eu lieu en Pologne au début de la guerre et rapporté dans Combat) confirme la totale absence chez lui d’idéologie mortifère ou de complaisance envers celle qui prônerait de passer par le sang pour l’accomplissement de la doctrine défendue.
5 juillet 2005


A l’enterrement de Gide, et notamment lors de la vue du corps, moment prisé par l’écrivain, Léautaud ne peut retenir ses larmes : sincère chagrin pour la disparition de son confrère d’écriture ou conscience accentuée du temps qui passe et de sa fin prochaine ? Le temps des moissons de la Camarde dans nos contrées affectives ou amicales doit être particulièrement douloureux et angoissant lorsqu’on sait que notre moment d’être cueilli est naturellement (et si vite !) arrivé. Je pressens ce que seront ces décennies canoniques, si j’y parviens. Les remontées nostalgiques, les regrets de l’irréalisé, le sentiment de ne pas avoir embrassé pleinement chaque seconde et, peut-être, la sérénité de celui qui s’inscrit dans une histoire collective, au-delà de soi.
19 août 2002


Le Journal littéraire s’érige comme la forme d’écriture la plus en symbiose avec la trajectoire existentielle de Paul Léautaud : à son aune, selon une réactivité instinctive pour canaliser sa désespérance et prolonger une présence dans un monde abhorré. Diariste par plaisir avant tout, par besoin sans doute, mais peut-être aussi comme fidélité en actes à sa conception de l’art littéraire, non tourné vers soi-même dans l’attractive sphère de l’imaginaire, mais en prise avec la perception partielle, à brut, de son univers de vie, professionnel et affectivo-sexuel, de ses pensées en direct, sans la sécurité d’une mise à distance. Ne pas craindre la contradiction avec soi-même, l’outrance cathartique sur les autres, l’apparente incohérence d’une relation parcellaire, subjective et morcelée.
L’exemplaire harmonie entre ce témoignage écrit et ses entretiens radiophoniques laisse émerger le fond intentionnel de Léautaud d’une modernité involontaire. Le bougre misanthrope demeure comme auteur dans l’histoire littéraire par son Journal, essentiellement. Cette œuvre,
plus que toute autre, doit permettre de réhabiliter, de légitimer le genre diariste qui puise son attractivité dans ce qui peut apparaître, au premier abord, comme des défauts. Le côté tremblant qui sublime l’interprétation musicale se retrouve ici, en littérature, et offre une autre voie que celles de l’imagination peaufinée, de la structuration anticipée ou du lyrisme calculé. Ce direct littéraire accuse plus que tout autre l’écho de son auteur, dans sa capacité à être en écriture. De là un fondu qui fait du journal, simultanément, le creuset et l’œuvre. L’aune de Léautaud, avec ses envolées et ses mesquineries, ses inconséquences et ses engagements, ses transcendances et ses quotidiennetés, offre la plus humaine des oeuvres, celle qui se donne malgré sa faillibilité. La proximité littéraire, voilà qui n’est pas le moindre des paradoxes pour le reclus socialisé qu’il était.
4 octobre 2002
L'article sur Léautaud est également paru sur Agoravox
Pour voir le débat créé autour cliquez sur le mot "Agoravox" ci-dessus.


Michel Polac : au-delà de lui...

A propos de désespoir... Je me reconnais de plus en plus dans l’attitude intellectuelle de Polac. J’attends son Journal avec impatience.

Son passage chez Pivot a confirmé mes affinités : même tentation d’autocritique, de « haine de soi », même désespérance misanthropique, même « maladresse ». Mon point fort reste toutefois un authentique ratage de mon existence et un anonymat absolu. Aucune source de réjouissance pour moi, donc, alors que l’ami Polac peut afficher un beau parcours. Cela me pousse à poursuivre ces brouillonnes annotations, quitte à noircir complaisamment mon portrait.
16 janvier 2000


Oublié de noter mon sentiment général sur les pages choisies du Journal de Polac que j’ai achevé au château : si l’on trouve des passages savoureux, profonds, désespérés et tranchants, la tonalité du diariste n’est pas reproduite du fait de cette sélection. On ressent même parfois l’impression d’un conglomérat de pièces éparses d’où ne s’échappe aucune unité authentique. Passages fabuleux par la clarté de la langue, la qualité de la relation : les aventures de Cricri, de la Grande Sauterelle, etc., autant de bestioles blessées recueillies par Polac et sa Z., je crois. La profondeur de propos simples atteint des sommets.
21 juin 2000


Mitterrand et Revel : unis par l’intelligence

Pour les vingt ans de l’accession au pouvoir de feu Mitterrand, j’ai suivi avec délectation les deux derniers numéros de Conversations avec un Président réalisés par Elkabbach. Quels que soient les désaccords idéologiques ressentis, on ne peut qu’être séduit par la finesse intellectuelle de l’homme et du chef d’Etat en pleine possession de sa fonction. Une telle dextérité, alors que la maladie le tenaillait, force le respect.
Autre grand plaisir pour l’esprit, La Grande Parade de Jean-François Revel. Capacité implacable et brillante à démontrer et démonter la tentative insidieuse de réhabilitation de « l’utopie socialiste », après sa condamnation sans appel par les faits du communisme, par le lynchage du libéralisme.
Deux personnages que tout oppose, mais dont l’intelligence respective réconcilie dans la jubilation procurée.
10 mai 2001


Revel et Dali : tranchons, tranchons…

L’Académie française n’accueille pas que des pontes littéraires ankylosés, ou tout du moins rétifs à l’anticonformisme. La verdeur démonstrative de Revel en témoigne. La Grande Parade, que je déguste dans les transports, fouille le sujet sensible de l’horreur communiste (pour paraphraser Forrester) avec une efficacité argumentative de très grand talent. Revel va jusqu'à démontrer, textes à l’appui, les intentions de génocide inscrites dans les textes fondateurs du socialisme via Engels, Marx, Lénine, etc. Je ressors conforté dans une position maintes fois défendue, mais sans tout cet arsenal référentiel qui prouve sans conteste que communisme et nazisme sont tout autant responsables de crime contre l’humanité.
23h30. Alors que d’aucuns s’avachissent devant l’inanité récurrente du Loft, sorte de régression crétino-banale de la téléchions, j’entame dans quelques lignes la dernière page du Manus IX en inspirantes compagnies : entre Revel et Dalí, le cortex jubile.
J’évoquais les titres déjantés du peintre. Ainsi une toile de 1932 force le
respect de l’allumé talentueux : « Pain français moyen avec deux œufs sur le plat sans le plat, à cheval, essayant de sodomiser une mie de pain portugais ».
(…)
Engels préconise, en 1849, l’élimination des Hongrois en combat contre l’Autriche, et Marx, dans Sur la question juive, estime l’idéologie communiste capable d’instaurer « l’organisation de la société qui ferait disparaître les conditions du trafic et aurait rendu le Juif impossible ». N’est-ce pas le programme réalisé imparfaitement par Hitler ? La puissance de l’essai de Revel tient à ces multiples références, sans énervement littéraire, qui stigmatisent de façon définitive l’ignominie idéologique du communisme et de son cousin par alliance et affinité, le socialisme.
15 mai 2001