26 février 2010

BNPA : impasse et paire… d’escrocs

A quoi joue l’extrême gauche française et, au premier rang, le NPA et son ambivalent Besancenot ? Une récente chronique d’Hamid Zanaz parue dans Le Monde éclaire sur d’infectes complaisances, voire de criminelles complicités.

Rien de flagrant dans le discours officiel, mais des fréquentations publiques et des gestes politiques qui cultivent une posture ambiguë. Permettre à l’une de ses candidates de porter son voile religieux sur la photo officielle d’une élection, c’est se torcher avec le principe premier de laïcité. S’acoquiner avec Salma Yacoub, qui combat l’habillement féminin occidental comme étant rien de moins qu’une « dictature des corps », c’est entériner l’assujettissement global de la société au réjouissant programme des intégristes. Elisabeth Badinter avait, il y a quelques mois, magistralement dénoncé la pernicieuse et régressive voie du voile intégral que certains réclament comme l’étendard premier d’une lutte contre notre forme de vie.

Que cette frange marginale, les tenants du fondamentalisme, trouvent écho chez certains anticapitalistes ne peut s’expliquer que par l’opportunisme : faire s’effondrer notre mode de développement économico-financier. Hamid Zanaz rappelle pourtant l’origine du mouvement islamiste : faire rempart à l’aspiration socialiste des nations arabes et à sa consubstantielle laïcité. Aucune cohérence donc…

En embrassant ce fascisme religieux, l’intégrisme islamiste, même timidement, l’extrême gauche confirme une incommodante ambiguïté : intégrer son combat aux règles démocratiques tout en ayant en tête leur mise à bas par un chaos redistribuant les pouvoirs.

Les accointances éclairent les arrières pensées d’un programme politique. En avril 2007, la LCR, déjà conduite par le subversif postier, réclamait le retrait sans conditions d’Afghanistan. Point une révolte contre l’impérialisme américain, mais le clandestin désir d’une retalibanisation de la société afghane. Laisser ces contrées sous la féroce férule des extrémistes religieux pour les soustraire aux obscénités capitalistes, en attendant la Révolution rouge cramoisie. Impardonnable stratégie que jamais, bien sûr, le NPA ne reconnaîtra.

Ce qui resterait folklore d’illuminés, si les pouvoirs politiques combattaient réellement les abjectes goinfreries des joueurs financiers, risque de s’ériger comme la voie salvatrice pour nombre de désespérés.

A l’autre bout, on retrouve donc des banques sans scrupule. BNP-Paribas, par exemple, qui annonce des bénéfices proches de cinq milliards d’euros pour 2009, dont la moitié fruit de placements spéculatifs à outrance et cinq cent millions à distribuer aux traders. Le message ? Se foutre du monde tant qu’il n’y aura pas quelques citoyens déjantés qui écharperont les parangons de ce tout-argent.

L’afflux de liquidités à très bas taux d’intérêt, injectées par les banques centrales et les Etats, n’ont pas servi à aider les pans sinistrés de l’économie, mais à graisser et à amplifier l’activité purement financière des banques. Des charognards propres sur eux, qu’on n’entendra jamais gueuler sur le pavé ou se répandre en incivilités, mais qui souillent le contrat social comme peu de délinquants y parviennent.

Au cœur des déstabilisations présentes et à venir la tentaculaire Goldman Sachs. A côté, BNP-Paribas fait figure d’établissement pépère, paisible et inoffensif. Sa spécialité : noyauter les sphères politiques pour neutraliser tout projet pouvant desservir ses colossaux intérêts, et miser sur tous les tableaux. Une banque d’affaires au marbre froid, au velours étouffeur de bruits et à la logique implacable.

Le système financier s’entretient et l’obsession captatrice se poursuivra jusqu’à sacrifier des Etats en perdition, un peu comme ces généraux de la Grande Guerre qui investissaient des tonnes de chairs à canon pour grignoter quelques mètres de boue. Les principes se résument à la primaire conquête, à l’amassement coûte que coûte, à la possession exponentielle… Barbarie capitonnée des salles de marché où chacun tient l’autre dans un ballet irrationnel, décervelé, amoral…

La BNPA ? Symbole des deux voies qui se rejoignent pour la même impasse. Si sursaut politique il devait y avoir, il aurait des accents radicaux qui ne feraient que substituer une oppression à celle, plus clandestine, éradiquée.

Quoi faire ? Peut-être conforter son retrait du monde, à la Léautaud, n’assurer que la présence minimum pour maintenir quelques affections et garantir un modeste pécule… Rester loin de tout, le temps que la vie passe…

11 février 2010

En vert et pour tout… financer

Nous avions eu le serviable Poupouce de la Société générale qui, à chaque occasion de la vie, proposait ses petits apports financiers comme une improbable philanthropie banquière. Rappelons-nous ses spots à la Bisounours

Voilà, depuis quelques semaines, son coquin copain. Le mélange des aspirations écologiques de proies potentielles et des impératifs économiques du marionnettiste BNP-Paribas : un gentil bonhomme feuillu estampillé Cétélem qui nous raconte l’art du prêt à toutes les sauces… Besoin de quoi que ce soit, envie de n’importe quoi, il est là l’adorable nain vert pour vous enfiler des subprimes ès consommation, quitte à vous faire dégorger vos tripes en cas de défaillance… A moins que, d’ici là, de nouveaux horizons spéculatifs rendent ringarde et trop peu rentable la séduction du ménage pour quelques milliers d’euros prêtés à des taux obscènes.

Joli décor d’entrée et sordides arrières cours, le temps n’est pas à la tolérance…

Après la Grèce, c’est l’Espagne qui est ravalée au rang de mauvais payeur. Les Etats ont tellement livré leurs finances publiques pour sauvegarder un système dévoyé par la sphère de la culbute financière, pour éviter l’effondrement systémique, que pointe le retour de massue pour les plus exposés.

Au bout du compte, au solde de la crise subie, quelles sanctions civiles et pénales auront été prononcées contre les protagonistes du ballet vénal ? Madoff, lui, a été cloué au pilori pour avoir spolié de richissimes candidats à la spéculation débridée, un comble… On aurait dû, au contraire, lui décerner un prix pour avoir œuvré à mettre hors circuit quelques parangons du gain à tout prix.

Il faudra attendre que des Etats, qu’on ne voulait pas admettre comme étant au bord de la faillite, sombrent pour que les crocs sortent et aillent faire rendre monnaie aux exacteurs impunis. Pour éponger les vertigineuses dépenses engendrées par ces malfaisants aux comptes pleins, il ne restera que la capacité de chaque peuple à rembourser et le talent de quelque politique pour faire digérer les temps de vaches maigres.

Le pire, serait le réflexe nationaliste, reprochant au voisin ce qu’on ne peut assumer soi-même. La masse compacte des investisseurs irraisonnés ou d’un cynisme criminel aurait alors raison des Etats les plus faibles, en attendant de plus belles prises…

Pendant ce temps ? Des établissements financiers reviennent à leur activité première, celle qu’ils méprisaient aux beaux jours de la frénétique financiarisation, des produits tellement complexes dans la pourriture que cette élite foireuse s’est jetée dessus, baveuse des rendements escomptés.

Au final, et si le chaos n’emporte pas tout, ce sera une part notable de nos prélèvements fiscaux qui compenseront les crasses inconséquentes de ces inaptes à… fustiger haut et fort !