13 juillet 2013

En juillet, je déraille !

Depuis les Trois Digues, entre Sète et Marseillan : à vingt-quatre impressions par journée, je tutoie la léthargie ; à mille sensations par seconde, je disjoncte. Humer les cimes, frôler les abysses puis entretenir les ondulations viables.

Au pourrissoir les prestidigitations sans magie, les envolées pour une galerie aux ordres, les catharsis imbibées à se tordre jusqu’à la répugnance… Rien à retenir, tout à expulser : l’angle mort ne doit plus saloper l’alentour. J’éparpille les restes du cirque initiatique.

Inventer des sphères aux arêtes vagabondes, étriller jusqu’à satiété, empaler les empapaouteurs de chairs fraîches et se laisser gagner par les cieux aux luminescences voyageuses. Au creux d’une colline sétoise, j’irise mes éclats pour mieux enrober les failles et pousser à bon port ma caillasse.

Depuis un jardin fontésol : croquer la tête du criquet. S’imprégner des langages insectués sans broncher, surtout ne pas émettre le moindre son et se laisser couler dans ces univers entremêlés.

Nos complexités artificielles n’arrivent pas à l’ombre de la cheville de cette Nature en verve. Quiétude possible sitôt l’humilité atteinte. Ciseler son passage en préservant ses ancrages : une radieuse cuillérée de Fontès pour maman, une pincée de Rueil pour papa, un nappage de Cellier pour les parents de ma BB, le tout dans une bonne pâte lyonnaise pour savourer sur le long terme. Recette d’un cœur à maturité qui ne s’encombre plus du surplus déviant : sans s’assécher à force d’être imperméable, sans porosité excessive qui désagrègerait les choix cardinaux.

J’apprends la destination mortifère d’un Corail Paris-Limoges. Tragique tournure pour une pièce défectueuse. Rideau pour quelques malheureux voyageurs mal placés. L’un tentait l’insouciance d’un début de vacances, l’autre devait retrouver une famille affective, le troisième faisait un détour inopiné, que sais-je : pour tous des wagons comme autant de machines à broyer les existences qu’ils accueillaient. L’exceptionnelle catastrophe va hanter, pour quelques semaines, l’esprit des usagers du train tandis que le compteur morbide des déplacements routiers continuera discrètement sa moisson quotidienne de cadavres.

Goûter chaque moment en densité au risque de ne plus en avoir l’occasion l’instant d’après.