10 novembre 2010

Pandémonium... pour rire

Nos Présidents
Général ayant connu des débuts difficiles, notamment par une difficulté à se faire entendre des Français : quatre terribles années pour son Appel et douze ans pour son discours de Bayeux. Lui, au contraire, a parfaitement compris les démons de son peuple : une épuration, mais pas trop longtemps, une décolonisation, mais pas trop vite, la chienlit, non ! Le gaulliste demeure encore aujourd’hui le déguisement préféré de nos politiques.

Sa prescience des facteurs qui devaient compter l’a poussé à déclarer, en pleine période des Trente Glorieuses, que l’emploi serait à considérer comme un problème permanent, non traitable définitivement, mais que l’on devrait accompagner pour en atténuer les conséquences.
Lors de son dernier Conseil des ministres, le visage gonflé par son traitement, il confie à l’assemblée qu’il « souffre comme un damné ». Le contraste entre les responsabilités considérables assumées et le tiraillement constant de souffrances atroces qui vous incitent à l’abandon de poste, mérite le respect posthume de l’homme d’État.

Ci-gît une présidence au d’Estaing contradictoire : des intentions modernistes, un phrasé IIIe République, un physique d’Ancien Régime.

Mitterrand (François)
L'homme a su satisfaire jusqu'au tréfonds son ambition politique, s’accordant un septennat bis en assumant les contradictions de cette longévité présidentielle. Pour résister aux coups de boutoir quotidiens, aux tentatives de sabordage de son système, aux dénonciations en rafale des noirceurs de son labyrinthique passé, il a su intégrer les propriétés de la toile cirée. L’esprit agile, le caractère déterminé, il s’est imperméabilisé : et s'écoulent les éclaboussures...

Chirac (Jacques)
Autruche présidentielle. Bien caché dans son sable élyséen, il n’a toléré aucun affront, aucune remise en cause de sa superbe avec ses gourdes, ses ratages et ses écarts lexicaux.
Sa plus belle trouvaille institutionnelle, après la dissolution de sa majorité parlementaire en 1997 : la promulgation fantôme du CPE ! Mitterrand déblatérait sur Le Coup d’État permanent du chef historique de la France libre ; la première décennie du siècle se sera avachie dans les à-coups du fat déprimant.

A quarante  ou soixante ans de distance, que subsistera-t-il de la trajectoire du Sarkozy courant ? Quelques griffonnages insipides sur le menu du Fouquet’s ? Les abondances médiatiques du « court Sarko show » démultipliant annonces et explications, initiatives et déplacements pour occuper puis embrumer les esprits ?
Paradoxe : les mêmes qui se sont ingéniés, depuis quarante ans, à désacraliser la fonction présidentielle se courroucent aujourd’hui d’avoir un chef d’Etat aux écarts de buvette. Les Américains ont eu leur Bush, innommable vulgarité politique pour les condescendants Français qui ont porté au pouvoir celui dont ils connaissaient sans ombre le Cirque d’Etat permanent. Toujours insatisfait, toujours à s’en prendre à ceux qui ont la charge de gouverner ce pays, le peuple de France maintient son ancestral penchant à brûler ses idoles, même lorsqu’elles lui ressemblent jusqu’au bout des mots.

Quelques Premiers ministres
Debré (Michel)
Mitterrand, lorsqu'il assumait les fonctions de ministre de l'intérieur, avait rassemblé suffisamment d'éléments pour décapiter le père de l'E.N.A., futur artisan de la Constitution de la Vème République. Pas un mince gibier donc. Debré, mis au parfum, vint pleurnicher dans le bureau du ministre, le suppliant de ne pas révéler l'affaire.
Quelques années plus tard ce même Debré, le vent en poupe, décide d'achever politiquement le Mitterrand en phase descendante. Il charge son ami Pesquet d'amener le futur Président à la bonne idée d'un faux attentat qui pourrait le remettre à l'avant-scène médiatique. « Il faudrait faire en sorte que l'idée vienne de lui » comme dans le film L'aile ou la cuisse de Zidi. Le parlementaire remplit sa mission d'approche et de suggestion. La révélation de la supercherie ne tardera pas, évidemment.

Fabius (Laurent)
Scandale autour du Centre national de Transfusion sanguine qui aurait, en 1985, injecté du sang contaminé par le virus du sida à des hémophiles, alors que des techniques existaient pour stériliser le sang. Les inculpations défilent et Fabius saponifie un max. Le voilà qui revendique le droit à la dignité et qui défend son honneur. Le fœtus du monde politique nourrit ses convictions de poncifs douceâtres et de colères avec petits poings en avant.
Dieu Tout-Puissant, si tu existes un tant soit peu, fais que le Fafa ne pose jamais son derrière sur le trône élyséen. Fanfan le vieux nous aura suffi. (1991)

Le piquant Rocard n’a pas pu décoller de l'oubliette, en tête de proue sur la liste chiassocialiste et en prétendant élyséen. Son Little Big-bang vient de lui péter à la gueule, ce qui doit réjouir Fanfan Mité. Recalé, Rocard laisse les intellectualisations au ronronnant Delors. (1994)

Mitterrand son quatre heures et sa Cresson toujours vivants, aux dernières nouvelles. (Novembre 1991)

Quand j'appris la nouvelle de son suicide, je roucoulais avec ma douce Kate dans le Grand Hôtel de Cabourg où nous avions décidé de passer un week-end prolongé. A nuitée, découvrant en voiture les beautés alentour, je gardais au fond de la gorge un étrange relent de dégoût pour la clique médiatique, qui enterrait hier et désormais encense le feu Premier Ministre.
Pour l'homme, sensible jusqu'à la moelle, je ruminais l'impression confuse d'un magistral gâchis. Ce petit homme, si anodin à première vue, cachait probablement une loyauté trempée qui, au-delà d'une compétence sans cesse améliorée par sa remise en cause quotidienne, alliait sa survie au sens de l'honneur. Je reste profondément ému de cette intime tragédie.

Balladur (Édouard)
Il n'a pas résisté aux gueulantes des jeunes agités. Les démocrasses ne peuvent plus rien faire à la tête d'un régime mou. Incapable de mater les vandales et les voyous déterminés au destroy de ce qui est à leur portée, incapable d'imposer ses vues à une jeunesse en quête d'un avenir sécurisant, ce gouvernement liquéfié va barboter jusqu'aux élections présidentielles, ne se risquant pas aux grands coups de latte dans le fondement dont a besoin notre société. (1994)

Juppé (Alain)
Il choisit de lancer de profondes réformes pour assainir les comptes du pays, mais sa méthode, pour faire passer ces nouveaux efforts, se révèle désastreuse et autorise tous les à-peu-près des grévistes.
La réaction gouvernementale pouvait se résoudre à une alternative simple : négocier immédiatement ou réprimer efficacement. Faire l'autruche est la pire des attitudes. Jouer le pourrissement en donnant l'impression d'une fermeté accommodante, c'est risquer la réaction violente des gesticulateurs.
Au bout du compte, Juppé en viendra à négocier plus ou moins profondément son plan, et le pays aura perdu quelques semaines, quelques milliers d'entreprises contraintes au dépôt de bilan et sa crédibilité sur la scène internationale. (10 décembre 1995)

Jospin (Lionel)
Le miraculé Jospin, que le pouvoir a transfiguré au point de lui redonner une bouille regardable, sans yeux globuleux et bouffissures inquiétantes, est passé chez Big Média d’Arvor, les gonades étatiques bien gonflées pour lustrer sa pilule et distribuer les baisses fiscales à tous vents. Peu enclin à le critiquer, je peux l’avouer. (2000)

Raffarin (Jean-Pierre)
Face aux braillards inconséquents de la rue, un certain panache du Raffarin. Passé chez notre institution journalistique, l’inaltérable Poivre d’Arvor, le Premier ministre a communiqué très limpidement, sans pathos excessif, sans technocratisme rébarbatif, mais en remettant les réformes vitales proposées en perspective : une réforme des retraites, étalée sur dix-sept ans, ne peut s’assimiler à un coup de massue ou de poignard comme le beuglent les fonctionnaires grévistes. A ne revendiquer que pour la sauvegarde de leurs illégitimes privilèges et faire accroire qu’ils se battent aussi pour le secteur privé, les employés à vie confirment la pesanteur pachydermique du système public. Le corps enseignant du public abonde dans cette sale manie de rejeter tout changement au nom d’un ensemble disparate dont le socle commun fantasme dans des interprétations abusives des intentions du gouvernement. Les mises au point ont donc été faites, ce qui ne calmera pas les excités sociaux. (Mai 2003)

De Villepin (Dominique)
Dans La tragédie du président de Franz-Olivier Giesbert, il apparaît comme le plus imbu de lui-même, et son discours off comme le plus en décalage avec sa tartine démagogique officielle. Habitude langagière révélatrice du personnage : tout ramener au fait « d’en avoir ou pas… » dans le pantalon. Le critère des gonades semble être l’alpha et l’oméga de son sens critique. Des couilles plein la bouche, il en sert à ses interlocuteurs en coulisse, certain d’être lui-même doté des plus impressionnants spécimens…
Le désastre du CPE, cette piteuse retraite en rase campagne, a révélé la texture et le contenu des testicules du Premier ministre tout juste calibrés pour jouer aux billes. Exit le mauvais poète des roubignolles !

Fillon (François)
 Fillon, nous et l’autre, l’agité en sursis qui accapare l’impopularité traditionnelle du Premier ministre français. Fions-nous au premier, négligeons le second, il reste tellement de choses à réformer… Courage, Fillon !



Quelques figures politiques
Cohn-Bendit  & Marchais
Dany a conservé intacte sa réactivité. Dans le Droit d’inventaire : Mai 68, il n’hésite pas à gratifier d’« ordure » feu Georges Marchais qui l’avait stigmatisé dans une chronique parue dans L’Humanité et empreinte d’antisémitisme en filigrane. (2008)

Delors (Jacques)
Jacques philosophal qui transmue en technocratisme tout ce qu'il envisage. (Juin 1994)

De Villiers (Philippe)
Echevelé Vendéen en bonnet phrygien qui, il y a quelques décennies, s’était secoué le complet-veston sur les grilles de l'Assemblée nationale. Cheveux en bataille, tour du menton hirsute, il vivait là sa petite poussée révolutionnaire.

Hollande (François)
« Omniprésident » ironise-t-il à propos du locataire de l’Elysée. Hollande jubile de sa trouvaille, oubliant un court instant le champ de ruines qu’il secrétarise comme charcutier en chef de la farce socialiste, Sert-à-rien général du parti des sots en lice pour… 2012. (2007)

Après le renvoi en Algérie de l’imam de Vénissieux qui a défendu, dans Lyon Mag, la légitimité religieuse de battre une femme qui trompe son mari, une seule voix politique s’insurge contre cette mesure de délit d’opinion : celle de Le Pen ! L’extrême droite en sympathie avec les islamistes, voilà qui laisse songeur sur la notion d’opportunisme… Des barbus ben ladénistes invitent, pour des conférences, des sympathisants nationalistes et chrétiens : cela ressemble à un rapprochement de circonstance où l’hypocrisie des rapports prédomine. (2004)

Royal & Bayrou
La crispante Royal n’a vraiment plus le vent en poupe, même si sa méthode Coué fonctionne toujours à merveille. Le rapprochement d’avec Bayrou semble de plus en plus naturel tant leur stratégie de conquête du pouvoir s’identifie par le culte d’une marche solitaire avec leurs soutiens militants en bandoulière, et par l’exaspération des plus proches compagnons d’armes qui finissent par se détourner de ces fantasques politiques égocentrés.
Qu’on les rapproche pour qu’ils s'entre-dévorent. Après La princesse et le président du déclinant V.G.E. qui s’autorise une dernière gâterie littéraire, nous aurions droit à La Royal et le président… du Modem, plus une romance à l’eau de rose, mais une pitance à l’eau de boudin… (2009)