02 décembre 2006

Désir tranquille

A y est ! les deux fauves voraces s’ébrouent dans l’espoir de lécher les ors élyséens.
De la force qui se rompt…
A ma droite, le vivace (l’agité, pour les contempteurs) qui n’en finit plus de se déclarer, comme une antienne autosuggestive. Depuis son coup de rasoir évocatoire jusqu’à la dernière trouvaille sémantique de son équipe de campagne en ébullition (en surchauffe ?), le bouffeur de racaille ne parvient pas à convaincre de son « désir d’avenir serein », mais empreint de bouleversements radicaux.
A l’ère de la surcommunication, un slogan rabâché fera l’affaire pour maquiller les écarts inquiétants : « La rupture tranquille »… Merci à feu Fanfan mité qui, en 1981, était allé chercher dans les fosses du publicitaire Ségéla « La force tranquille ».
Avec ce nouvel oxymoron, les ambitions de l’étalon enragé peuvent s’épanouir, au point d’engloutir les quelques voix dissonantes qui s’élèvent de son parti. Trop affûté pour être crédible en père tranquille, il tente d’arrondir ses angulosités par ce leurre sorti tout droit du pays des merveilles politiques. Que la force rompe avec toi… cher Nicolas !

…à la diplomatie participative !
A ma… gauche (enfin, je crois), la madone aux crocs dressés cisèle sa stature internationale. Après avoir évacué d’une bourrasque consultative ses deux rivaux internes, elle persiste, au Liban, dans cette volonté farouche de s’imprégner de l’alentour pour préciser, voire nourrir son discours.
L’immaculée candidate reprochait à son principal adversaire de droite d’avoir affiché son américanisme douteux, la voilà qui tutoie la complaisance avec un mouvement terroriste dont les haines n’ont rien à envier au réseau-frère Al Qaida. La langue de la féline a dérapé, sans aucun doute, mais à force de vouloir toujours écouter et s’inspirer des dires de l’autre, on se renie soi-même.
Son désir… de venir au palais de l’Elysée ne doit pas l’autoriser à l’incohérence diplomatique : un coup je déclare, dans l’hexagone, que l’Iran n’a pas droit au nucléaire civil, m’asseyant, avec élégance toutefois, sur les accords internationaux ; un autre coup, en pays étranger, j’accepte d’écouter les véhémences du Hezbollah et je comprends, voire je cautionne, sa haine des Etats-Unis. Attention, Madame la candidate, on ne peut pas rendre tout participatif, sinon l’âme vertueuse, dont on se drape, finira en loques interlopes.


Voilà ce court bestiaire de précampagne, en espérant que chaque prétendant à la cour républicaine soit davantage conduit par l’intérêt supérieur du pays que par la vague intérieure d’ambitions à court terme.
La France, notre France, en vaut la peine, non ?