14 mars 2010

Ferrat, un doux tonitruant

Oublions les antagonismes idéologiques pour saluer la puissance évocatrice de ses mélodies imprégnantes, de ses paroles ciselées pour une voix de montagne en velours chaleureux... Qu'il retrouve le Panthéon des géants sacrés de la chanson française. A vous les Brassens, les Brel, les Ferré, les Ferrat...

Sa mort me rappelle qu'à la fin des années quatre-vingts, lorsque des non camarades de classe pensaient à la pure distraction, je me laissais aller à l'écriture de paroles antimilitaristes sur l'air de La femme est l'avenir de l'homme, bien dans la tonalité du doux tonitruant :

Le temps aura perdu raison,
Il n'y aura plus d'horizon,
Et l'homme aura perdu sa mome.
Pour le jour où tous nous crèv'rons,
Je déclare à ces fieffés cons,
La bombe est le reflet d'votre mort.

Tout commenc'ra avec deux mots,
Et finira dans un monceau
De chairs, toutes indescriptibles.
Aujourd'hui les peuples s'apitoient
Certains se jettent de leur toit
D'autres se cachent sous leur bible.

Le temps aura perdu raison,
Il n'y aura plus aucun fond,
Le trognon d'Eve, seul sur le sol,
Rappel'ra la trace de ces pions
A qui je déclare sans passion :
La bombe est le reflet d'votre mort.

Pour arriver à ces souffrances
Où l'on n'peut mourir qu'en silence
Il a fallu de nombreuses guerres.
Et nous quitt'rons notre jeune âge
Juste pour apaiser leur rage
Qui a détruit notre vieille Terre.

Le temps aura perdu raison,
Il n'y aura plus d'floraison.
Les mères, tachées de sang, sanglotent
Devant tous ces corps sans galon
A qui je rappelle ma vision :
La bombe est le reflet d'votre mort.

Quand se perdra le dernier cri,
Que l'dernier corps sera raidi,
Quand tout remords s'ra impossible,
Je maudirai toutes ces armées,
Je cracherai sur ces gradés
Qui devraient tous être à l'asile.

Le temps a bien perdu raison,
Et il n'y a plus d'horizon,
L'homme a assassiné sa mome.
Pour ce jour où tous nous crevons,
Je dis à ces soldats, ces cons,
La bombe est le reflet d'Notre mort.


2 commentaires:

violette a dit…

court comme hommage. j ai lu un peu les autres. Tu ne changes pas toujours aussi virulent.

Loïc Decrauze a dit…

En effet, et je n'ai nulle intention de changer au regard de l'abondance de ce qui indigne.
Hommage court, oui, je n'étais en rien un inconditionnel du Ferrat. Le pastiche rédigé plus jeune reste tout de même dans la tonalité antimilitariste du feu chanteur, un hommage indirect donc.