Le souffle déterminé de quelques centaines de milliers de personnes aura suffi à déboulonner ceux que nos vieilles démocraties occidentales jugeaient comme les plus fréquentables de la région. Que des masses pacifiques prennent le risque du massacre par l’autorité en place pour rejoindre le cercle restreint des vraies démocraties tourneboulent nos propres insatisfactions mal placées.
Restent les armées à la passivité cruciale pour que ces révolutions n’avortent pas dans un bain de sang. Ce n’est pas le moindre des paradoxes que ces corps constitués pour la guerre assurent la transition pacifiée vers l’ère démocratique. Les Etats-Unis devraient proposer leurs largesses aux troupes inflexibles de Corée du Nord et d’ailleurs…
La popularisation des techniques de communication a également permis d’agréger les volontés et de dénoncer par l’image les amorces répressives de la police aux ordres. Il existe bien une caisse de résonance mondiale pour des aspirations clamées : le concert des populations a eu la peau des vieux chefs d’orchestre dissonants. Lyrisme facile avant les contraintes prosaïques.
Que tous ces gens fraîchement libres profitent, sans en perdre une miette, de cette phase passionnante de la reconstruction politique de leur pays. Après viendra le temps gris de la désillusion, du blasement cultivé pour occulter ses propres inconséquences : époque égrotante de nos (trop) mûres démocraties en quête d’un nouveau souffle.