Un présentateur météo a
récemment résumé le climat politique du temps présent : « le front
menace » d’où, sans doute, ce printemps électoral pourri.
L’entre-deux-tours de passe-passe illusionne comme une folle entre-deux-guerres : de l’agitation, du faux débat, des
invectives qui nourrissent la confrontation et laissent de côté
les explosions économico-sociales à venir. Une parenthèse presque ludique avant
les attaques sans concession, l’économie et ses impératifs, l’Europe plus
incertaine que jamais et les calamités éludées.
Ces jours occultent la
réalité lourde et complexe des problèmes à résoudre. L’électorat vient de
placer en cinquième position le seul candidat qui rappelait depuis 2007
l’obligation cruciale de désendetter les finances publiques. Prime aux
candidats-autruches qui se concentrent sur la stratégie politicienne, sur des
polémiques dérisoires et sur les reports de voix à obtenir, laissant dans le
brouillard la qualité intrinsèque d’un projet quinquennal et d’un dessein
crédible. La France, ballotée d’un bouc émissaire l’autre, vogue bien loin des
nécessités fondamentales.
Après l’inutile série du
premier acte (halal, permis à points, etc.), le vote des étrangers et la
qualité des travailleurs défilant le 1er Mai concentrent l’énergie
de la parole des deux finalistes. Tout ça pour transformer la fête du travail en
terrain de concurrence des chapelles politico-syndicales. Minable.
Un peu comme la paternité de cette
date que les uns revendiquent comme ayant sa source dans l’Internationale communiste
et que les autres rattachent sans l’avouer à la France de Vichy (une Saint-Philippe
pour fêter et le travail et Pétain). Raté ! Il faut aller chez les Yankees,
en 1886, pour dénicher les racines du combat pour un monde du travail amélioré.
Avec la fusillade de Haymarket à Chicago contre ceux qui revendiquaient les huit
heures (de travail, de sommeil et de loisir), les premiers martyrs ouvriers sont
américains. La IIème Internationale sise à Paris pour le centenaire de
la Révolution française ne fera que s’approprier une rébellion née aux États-Unis.
Les neuf morts à Fourmies, le 1er Mai 1890, ne seront qu’un écho aux
pendaisons des rebelles outre-atlantique.
En attendant le 21 Juin, la saison reste fraîche
et les cieux couverts par des fronts persistants.