Ce n’est plus une casserole
qu’il va falloir faire résonner pour accueillir Fillon à sa juste mesure, mais une
batterie de cuisine. Après la phobie administrative du non-regretté Thévenoud,
le Canard nous fait découvrir l’amnésie déclarative d’un François empreint d’hypocrisie.
Toutes les primaires du monde
ne peuvent occulter son abyssale perte de crédibilité. Il est temps pour lui de
se faire soigner pour syndrome grave d’arrangement dérangé avec la réalité. Qu’il
ait cinq cents, mille ou deux mille parrainages ne changera rien aux affaires
foireuses qui remontent à la surface. Il n’a plus rien d’un présidentiable. Il
a tout du forcené qui « ne se rendra pas ». Il ne reste plus qu’à espérer
la détermination judiciaire pour le déloger de ses certitudes indignes.
Réunir cinquante mille
personnes, soit 0,11% du corps électoral français, et prétendre qu’il s’agit de
la vraie France, « La France des paysans, la France des cathédrales, des
châteaux et des sans[-]culottes » – avec l’oubli révélateur du trait d’union
sur son site officiel – c’est juste de l’escroquerie intellectuelle emballée
dans trois couches de lyrisme rance. Pour détourner, une fois de plus, sa
désormais anti-fondatrice formule : imagine-t-on le général de Gaulle se
relégitimer avec le défilé de cinquante mille personnes ? Non ! Il en
a eu vingt fois plus en 1968.
Fillon joue son dernier
moment politique majeur, alors peu importe les révélations d’une presse
évidemment aux ordres (de qui ?) et le déchaînement d’une justice partiale
contre sa christique personne…
En 1995, Juppé se tenait
droit dans ses bottes pour qu’aboutissent ses réformes ; en 2017, Fillon
ne parvient même plus à rester droit dans ses crottes mouvantes. Une
obstination qui voudrait se faire passer pour un parangon de la vertu victime
du système… un comble pour celui qui en a vécu jusqu’à la lie depuis quarante
ans !
Ses flagrants délits de volte-face,
de contradictions et de maquillage de la réalité auraient dû sonner la fin de
sa candidature… et le voilà qui ose prétendre œuvrer pour le bien du pays alors
qu’il ne vise qu’à recharger à bloc son immunité. De parlementaire à président,
elle obtiendrait une épaisseur mégatomique
pour cinq ans. C’est au contraire le généreux système démocratique qui pourrait
faire considérablement pour lui, le futur mis en examen qu’il ne faudra plus
arrêter de scruter sous toutes les coutures, même s’il nous prive de le voir
jugé comme un citoyen normal devant la justice du pays dont il brigue la première
place.
N’ouvrons pas l’ère des
François qui n’augure rien de bon : après un quinquennat de François l’éteint
qui, selon Fillon, a géré le pays comme « un premier secrétaire du parti
socialiste », renvoyons dans son château, et sans culotte, François l’atteint
qui voudrait mener la France à la baguette à coups de férule traditionnaliste
sur le bout des doigts, excepté les siens. L’examen de conscience du bientôt
mis en examen n’a pas eu lieu, contrairement à ce qu’il a prétendu sur la place
du Trocadéro : il est temps de le recaler définitivement.