Après la publication d’un sondage où plus de soixante
pour cent des citoyens interrogés réclament une retraite politique anticipée
pour les deux derniers occupants de l’Elysée, je me prends à fantasmer un
moment de grâce politique comme les professionnels du pouvoir ne nous en
offrent que deux ou trois par siècle…
« Attendu que la
situation critique du pays requiert un sursaut de lucide dignité ;
attendu que notre occupation
successive des fonctions présidentielles n’a pu permettre de redresser ou de
changer favorablement la France ;
attendu que le constat s’impose
d’une incapacité à honorer les plus importantes de nos promesses électorales ;
attendu que notre mandat
respectif s’est tiraillé entre stratégie politicienne en vue de l’échéance
électorale suivante et gestion improvisée dans des contradictions néfastes pour
le pays ;
attendu que de bling-bling en
couac, de couac en tweet-tweet, nous n’avons pas su préserver la sacralité de
la fonction ;
attendu que la place
hypertrophiée accordée à la communication au détriment de l’engagement
véritable n’a fait que décrédibiliser davantage l’exercice du pouvoir rendu
gesticulatoire ;
attendu que la vitalité
démocratique commande de ne pas s’acharner dans une dynamique purement
opportuniste ;
attendu que nous devons
tendre à l’exemplarité en reconnaissant nos erreurs et en affrontant de
pesantes accusations ;
attendu que nos candidatures
font courir le grave risque, par l’absentéisme accru d’électeurs écœurés, de la
consolidation des extrêmes ;
attendu que sans notre présence les débats de la
prochaine campagne s’en trouveront renouvelés et que le
sens frais aura ainsi une chance d’émerger ;
attendu qu’un nouveau souffle
de l’Union européenne ne peut se concevoir avec une France présidée par un
déjà-vu ;
attendu que l’hypothèse d’un
monde agité par le stratège Poutine et Trump l'imprévisible impose la
régénération d’une forte voix française ;
attendu que notre vénération
affichée, feinte ou réelle, pour l’intégrité gaullienne de l’occupation de la
présidence de la République française exige qu’une fois, dans notre déjà long
parcours politique, nous nous hissions à la hauteur de notre référence ;
attendu qu’est venu le temps
d’une éthique de l’exercice du pouvoir tout entier dédié à l’intérêt général et
non à la satisfaction de visées personnelles inavouables ;
Par ces motifs, nous, François Hollande et Nicolas Sarkozy, sains de corps et d’esprit, avons l’honneur de ne
pas solliciter vos suffrages afin de ne pas obérer les chances pour notre
pays chéri et pour l’Union espérée de viser au mieux un cap salvateur. »
Auraient-ils assez d’épaisseur humaine, de sens du
sacrifice d’une carrière déjà suffisamment comblée, de perception assez aiguë
de l’exaspération furieuse du pays pour oser ensemble ce choix, laissant ainsi,
pour un court instant, la sphère médiatique sans voix et, pour un moment à prolonger, la France avec une
perspective plus enthousiasmante ? Evidemment non… Si la vie
extraterrestre apparaît de plus en plus probable, l’avis extrapolitique ci-dessus
ne peut prétendre qu’au néant.