En rouge, le sous-titrage et le bas-titrage du premier discours de Donald Trump investi président des Etats-Unis d'Amérique. De la Trump Tower à l'Investitrump Power :
"Juge en Chef Roberts, Président
Carter, Président Clinton, Président Bush, Président Obama, mes concitoyens
américains et peuples du monde: merci.
Entrée en matière classique :
Trump se normaliserait-il ?
Nous, citoyens d'Amérique,
sommes maintenant unis dans un grand effort national pour reconstruire notre
pays et pour restaurer ses promesses à l'égard de tout notre peuple.
Finalement non, revoilà la
délicatesse trumpienne : j’hérite d’un pays en ruines et au fond du trou.
Ensemble nous déterminerons
la voie pour l'Amérique et pour le monde pour des années.
La voie ou l’impasse ?
Nous ferons face à des
défis. Nous serons confrontés à des épreuves. Mais nous finirons le travail.
Première tâche :
structurer ma pensée et… me retenir.
Tous les quatre ans, nous
nous rassemblons sur ces marches pour procéder dans l'ordre et la paix à ce
transfert de pouvoir et nous sommes reconnaissants au président Obama et à la
Première Dame Michelle Obama pour leur aide courtoise pendant la transition.
Ils ont été magnifiques.
Moi aussi, je sais manier la
langue de bois.
La cérémonie d'aujourd'hui
cependant a une signification très particulière. Parce qu'aujourd'hui non
seulement nous transférons le pouvoir d'une administration à une autre ou d'un
parti à un autre, mais nous transférons le pouvoir de la capitale Washington et
le donnons à nouveau à vous, le peuple Américain.
Mais faut pas pousser :
je préfère flinguer les élites et lancer mon hyperbole mensongère.
Pendant trop longtemps, un
petit groupe dans notre capitale a récolté les avantages du gouvernement tandis
que le peuple en a assumé le coût.
L’obsession du complot :
des noms, des noms ! Qui est donc ce « petit groupe » ? Et
lui, il a fait quoi ? De la philanthropie ?
Washington a prospéré mais
le peuple n'a pas eu de part de cette richesse.
Supprimer l’Obamacare et
baisser drastiquement l’impôt sur les sociétés ça va aider le peuple, c’est
certain.
Les politiciens ont
prospéré mais les emplois se sont taris et les usines ont fermé.
Une analyse tout en finesse,
à moins que ce soit une extrême synthèse.
L'establishment s'est
protégé lui-même mais n'a pas protégé les citoyens de notre pays.
Couche supplémentaire de
populisme bas du front, mais une incohérence de taille : c’est avec une
équipe de ploutocrates qui a abusé du système qu’il compte protéger son cher
peuple.
Leurs victoires n'ont pas
été les vôtres; leurs triomphes n'ont pas été les vôtres; et pendant qu'ils
festoyaient dans la capitale, il n'y avait guère à célébrer pour les familles
démunies dans tout le pays.
Et lui, que faisait-il ?
Il forniquait en Russie ! A quel moment a-t-il montré la moindre
compassion, la plus petite parcelle d’attention pour ces « familles
démunies » ? Quand la voracité se grime altruisme…
Tout cela va changer, ici
et à partir de maintenant parce que ce moment est le vôtre: il vous appartient.
Il appartient à tous ceux réunis ici aujourd'hui et à tous ceux qui regardent à
travers l'Amérique.
Cette journée vous appartient.
C'est votre célébration.
Et cela, les Etats-Unis
d'Amérique, c'est votre pays.
Vous, vous, vous… tant que
vous ne m’emmerdez pas dans la jouissance de mes, mes, mes pouvoirs, sinon…
Ce qui importe vraiment ce
n'est pas quel parti contrôle notre gouvernement mais si notre gouvernement est
contrôlé par le peuple.
Et JE suis le peuple.
Le 20 janvier 2017 restera
dans les mémoires comme le jour où le peuple dirige à nouveau la nation.
Ça va être étroit la Maison-Blanche
pour 320 millions d’Américains.
Les hommes et femmes
oubliés de notre pays ne seront plus oubliés. Tout le monde vous écoute
maintenant.
Tout le monde écoute tout le
monde : vous, toi, moi, nous, eux... La surdité serait parfois préférable.
Vous êtes venus par
dizaines de millions faire partie d'un mouvement historique, tel que le monde
n'en a jamais vu.
La fameuse « hyperbole
réaliste » : le candidat le plus fabuleux, l’élection la meilleure,
le Présidentissime de tous les présidents passés et futurs… Gâtés ces
Américains !
Au cœur de ce mouvement,
réside une conviction fondamentale: celle qu'une nation existe pour servir ses
citoyens.
Je croyais que c’était à
l’Etat de servir la nation. « Bonjour Madame la Nation, m’sieur Trump m’a
dit d’m’adresser à vous : un cheeseburger, please ! »
Les Américains veulent de
bonnes écoles pour leurs enfants, des quartiers sûrs pour leurs familles et de
bons emplois pour eux-mêmes.
Ajoutons, dans l’ordre des priorités : un beau garage pour leur maousse automobile qui pollue comme il
faut, une niche sensas pour leur chien, une femme superbe pour leur braquemart…
Ce sont des revendications
légitimes et raisonnables pour un public juste.
Suis-je légitime en ayant
été élu avec presque trois millions de voix de moins que la candidate démocrate et en ne
cumulant que 40% d’opinion favorable au premier jour de mon mandat ?
Suis-je raisonnable en tweetant toutes les saloperies que j’ai tweetées ?
Mais pour trop de nos
concitoyens, une réalité différente existe: mères et enfants sont piégés dans
la pauvreté de nos quartiers défavorisés; des usines délabrées sont essaimées
comme des pierres tombales dans le paysage de notre nation; un système
éducatif, plein d'argent, mais qui laisse nos jeunes et beaux étudiants privés
de savoir ; et le crime, les gangs et la drogue qui ont volé tant de vies et
spolié notre pays de tant de potentiel non-réalisé.
La touche lyrique pour des
Etats-Unis qu’on dirait tout droit sortis du tiers monde.
Ce carnage américain
s'arrête ici et maintenant.
Je vous propose, à partir d’aujourd’hui : la vulgarité, l’incohérence, l’irascibilité, le machisme, le racisme, le chaos…
pour commencer.
Nous sommes une nation et
la douleur des autres est la nôtre. Leurs rêves sont nos rêves; et leurs succès
seront notre succès. Nous partageons un cœur, une patrie et un glorieux destin.
Sortez vos mouchoirs…
Le serment de fonction que
je viens de prononcer est un serment d'allégeance envers tous les Américains.
Chiche !
Pendant des décennies,
nous avons enrichi l'industrie étrangère aux dépens de l'industrie américaine;
subventionné les armées d'autres pays tout en permettant le très triste
appauvrissement de notre armée; nous avons défendu les frontières d'une autre
nation tout en refusant de défendre les nôtres; et dépensé des milliards de
milliards de dollars à l'étranger pendant que les infrastructures de l'Amérique
se sont délabrées et abimées.
Le masochisme national,
j’irai le butter jusqu’au fond des chiottes, comme dirait mon Poutinou. Nous,
nous, nous d’abord ! Je surtaxe toutes les importations : tant pis si
l’Américain modeste doit payer trois fois le prix de l’ancien système. Dépenser
pour nous, nous, nous… Chacun chez soi, chacun pour soi, les non-Américains
derrière le mur ! L’humanité vient de faire un grand pas !
Nous avons rendu d'autres
pays riches alors que l'abondance, la force et la confiance de notre pays ont
disparu de l'horizon.
Les Etats-Unis auraient
investi massivement dans d’autres pays sans que ça leur rapporte ?
Une par une, les usines
ont fermé leurs portes et quitté nos rives sans même une pensée pour les
millions et millions de travailleurs américains laissés sur le carreau.
Retour en
force des industries du textile aux Etats-Unis… Chaussettes et culottes
dix fois plus chères : ça va leur plaire aux consommateurs-citoyens puisque ce
sera du « maaade in USA ! I am… maaade in USA ! ». Voilà
comment pallier l’absence de stars à mon investitrump…
La classe moyenne a été
privée de son patrimoine qui a été distribué à travers le monde.
J’en suis le plus bel
exemple : je ramasse tout et j’emmerde la classe moyenne qui n’est bonne
qu’à m’élire. Merci la classe moyenne !
Mais cela appartient au
passé. Et maintenant, nous ne regardons que l'avenir.
Un mandat pour regarder
l’avenir : c’est con, mais plus on tente de s’en approcher, plus il
s’éloigne… Y a comme un problème !
Nous nous sommes retrouvés
aujourd'hui et nous décrétons, pour être entendus dans chaque ville, chaque
capitale étrangère et dans chaque lieu de pouvoir, qu'à compter d'aujourd'hui
une nouvelle vision prévaudra dans notre pays: ce sera l'Amérique d'abord et
seulement l'Amérique. L'Amérique d'abord.
Et nous, et nous, et nous, voilà
la grande avancée trumpienne. Qu’on se le dise : tout pour nous, rien pour
les autres. Gnathon-Trump sacrifierait bien l’ensemble des dérisoires âmes
non-américaines contre l’assurance divine que chaque Américain puisse
s’empiffrer deux fois plus.
Chaque décision sur le
commerce, les impôts, l'immigration, les affaires étrangères sera prise pour le
bénéfice des familles et des travailleurs américains.
Chaque fois qu’un des
membres de mon gouvernement fera la culbute financière pour ses affaires avec
des conflits d’intérêts d’une puissance inégalée, ce sera d’abord, évidemment,
pour le bénéfice de ceux de nos concitoyens qui suent pour gagner trois dollars
l’heure.
Nous devons protéger nos
frontières des ravages des autres pays fabriquant nos produits, spoliant nos
entreprises et détruisant nos emplois. La protection conduira à une grande
force et prospérité.
Je combattrai pour vous de
toutes mes forces et je ne vous laisserai jamais tomber.
Pour résumer :
détruisons les pays étrangers, spolions leurs entreprises et fabriquons tout
sur notre sol sacré, nom de dieu !
L'Amérique va recommencer
à gagner, à gagner comme jamais auparavant.
Peut-être simplement un champion
de la méthode Coué.
Nous ramènerons nos
emplois. Nous reconstruirons nos frontières. Nous regagnerons notre prospérité.
Et nous retrouverons nos rêves.
Des rêves à très haute
valeur ajoutée : que ça jute de bénefs, qu’on croule sous le bonheur monétarisé,
qu’on s’étouffe de prospérité bien gluante…
Nous construirons de
nouvelles routes, autoroutes, ponts, aéroports, tunnels et voies ferrées à
travers notre merveilleux pays.
Et s’il reste un peu d’huile
de coude, on lancera un gigantesque chantier de construction des plus belles, des
plus spectaculaires latrines pour chacune de nos villes, même les plus
reculées, même les plus perdues au milieu du fabuleux nulle part américain. Des
latrines, comme il n’en a jamais existé.
Nous extrairons notre
peuple de l'aide sociale pour le mettre au travail, rebâtissant notre pays avec
des bras américains et du labeur américain.
Pour ceux qui ne veulent pas
en branler une, ce sera le camp de travail illico !
Nous allons suivre deux
règles simples: acheter américain et embaucher américain.
Allez ! deux autres en
plus, c’est ma tournée : chier américain, virer américain !
Nous rechercherons
l'amitié et la bonne volonté des autres nations du monde mais nous le ferons
avec l'idée que c'est le droit de tout pays de mettre ses propres intérêts en
avant.
Chacun chez soi, la loi du
plus fort pour nous : tu la fermes amicalement, sinon c’est notre poing
nucléaire dans ta gueule !
Nous ne cherchons pas à
imposer notre mode de vie mais plutôt à le rendre éclatant comme un exemple à
suivre.
Faut suivre : chacun
chez soi, on fabrique tout chez nous et, en plus, on diffuse notre modèle à
tous les autres. Du protectionnisme universaliste en somme. « Tais-toi
quand tu parles », comme disait le père du grand Duduche !
Nous renforcerons nos
vieilles alliances et en forgerons de nouvelles et unirons le monde civilisé
contre le terrorisme islamique radical, que nous allons éradiquer complètement
de la surface de la Terre.
Voilà un objectif qu’il est
bon… mais pas un peu utopique, Donald ? T’avais même dit en trente jours,
je crois…
Le fondement de notre
politique sera une totale allégeance aux Etats-Unis d'Amérique et grâce à notre
loyauté au pays, nous redécouvrirons la loyauté envers les uns les autres.
Hey ! vous ! les
autres pays ! vous nous mangez dans la main bien gentiment et on sera
loyal, sinon…
Quand vous ouvrez votre cœur
au patriotisme, il n'y a plus de place pour les préjugés.
Mais quand vous vendez votre
âme au nationalisme, il y a encore plus d’espace pour les apriorismes.
La Bible nous le dit
"qu'il est bon de vivre quand le peuple de Dieu vit ensemble dans
l'unité".
Elle dit aussi : tu ne
mentiras point, tu ne feras pas d’impureté, tu ne désireras pas injustement le
bien des autres… On rappelle ta biographie Donald ?
Nous devons nous exprimer
franchement, discuter nos désaccords honnêtement mais toujours rechercher la
solidarité.
La solidarité du coup de
massue pour tous ceux qui n’auront pas rallié notre position.
Quand l'Amérique est unie,
on ne peut absolument pas l'arrêter.
Le rouleau compresseur, « maaade
in USA ! »
On ne doit pas avoir peur,
nous sommes protégés, et nous serons toujours protégés.
Le bouton rouge, c’est moi,
désormais, alors tenez-vous à carreau.
Nous serons protégés par
les grands hommes et femmes de notre armée et de nos forces de sécurité, et
surtout, nous sommes protégés par Dieu.
Ouf, il nous a évité :
le prochain dieu, ce sera moi !
Enfin, nous devons voir
grand et rêver encore plus grand.
Ça va en faire des séances
de psychanalyse quand tout ce beau monde aura déçu.
En Amérique, nous
comprenons qu'une nation n'est vivante que dans l'effort.
Et surtout dans les forts,
les très très forts : moi et moi !
Nous n'accepterons plus
des hommes politiques qui parlent et n'agissent pas, tout le temps en train de
se plaindre sans jamais rien faire.
Il fallait bien tenter
d’égratigner son prédécesseur.
Le temps des paroles
creuses est fini. Maintenant, c'est l'heure de l'action.
…et de la pensée creuse qui
fait résonner les aberrations.
Ne laissez personne vous
dire que cela ne peut pas être fait. Aucun défi n'est assez grand pour le cœur,
la combativité et l'esprit de l'Amérique.
Et si quelqu’un vous le dit,
éradiquez-le !
Nous n'échouerons pas.
Notre pays va être florissant et prospérer à nouveau.
Heu, je crois qu’on a
compris… Tout le pays il est grand, tout le pays il est florissant !
Nous sommes à l'orée d'un
nouveau millénaire, prêt à dévoiler les mystères de l'espace, à libérer la
terre des fléaux et à exploiter les énergies, les industries et technologies de
demain.
Pas modeste le gars !
Je vais vous l’empuantir votre millénaire. On se souviendra de mon sublissime passage
à la Maison que j’aurai rendu encore plus Blanche que blanche jusqu’au-delà de
l’univers…
Une nouvelle fierté
nationale va animer nos âmes, élever nos regards et guérir nos divisions. Il
est temps de se remémorer ce vieux dicton que nos soldats n'oublieront jamais:
que l'on soit noir, métis ou blanc, le même sang patriote court dans nos
veines, nous jouissons tous des mêmes libertés et nous saluons tous le même
grand drapeau américain.
Ça, c’est pour faire oublier
ses papouilles au Ku Klux Klan…
Et qu'un enfant soit né
dans la banlieue de Detroit ou dans les plaines balayées par les vents du
Nebraska, ils regardent tous le même ciel la nuit, leur cœur est plein des
mêmes rêves et ils sont habités du même souffle de vie du Créateur
tout-puissant.
On en pleurerait… Le Trump
humaniste est-il né ?
Ainsi, à tous les
Américains, dans chaque ville, qu'elle soit proche ou lointaine, petite ou
grande, d'une montagne à l'autre, d'un océan à l'autre, entendez ces mots: vous
ne serez plus jamais ignorés.
Je vous ai à l’œil, mes chers
Américains…
Votre voix, vos espoirs,
et vos rêves vont définir notre destinée américaine. Et vos courage,
bienveillance et affection nous guiderons tout au long du chemin.
… qui sent la noisette…
Ensemble nous allons
rendre à l'Amérique sa force. Nous allons rendre à l'Amérique sa prospérité.
Nous allons rendre à l'Amérique sa fierté. Nous allons rendre à l'Amérique sa
sécurité. Et oui, ensemble, nous allons rendre à l'Amérique sa grandeur.
Quel sens du marketing
politique, un petit rappel de son slogan électoral pour finir. Du grand
art !
Merci, Dieu vous bénisse
et que Dieu bénisse l'Amérique.
… et qu’il m’évite, surtout,
de faire trop de conneries. Signé : un tweeter compulsif.