Le traitement à œillères pro-israéliennes de la guerre Hamas-Tsahal décrédibilise Big Media français. Entendre, par exemple, Christophe Barbier légitimer les bombardements parce qu’ils proviennent d’une armée étatique bien propre sur elle, les chairs broyées et brûlées ne pouvant l’atteindre, mais condamner les troupes du Hamas pour leur tuerie de proximité signe la tendance politico-journalistique du moment.
Soixante-quinze ans d’occupation répressive, d’humiliation,
de conditions effroyables de survie imposées à la population de la bande de
Gaza et l’on voudrait une réaction mesurée, calibrée et pleine d’humanisme
envers les colons israéliens qui ont envahi des terres palestiniennes. Quand considèrera-t-on
à sa tragique hauteur l’interminable agonie des Gazaouis entretenue par les
autorités israéliennes ? Une vie entière à subir des occupants qui bafouent
avec morgue le droit international puisque le bibendum américain les couvre…
Cette loi du plus impitoyable, qu’ai-je à foutre qu’elle soit suivie par des Israéliens
de confession juive pour la quasi-totalité ? Ils pourraient être Bantous,
Auvergnats de souche ou Tartempions d’outre-Terre que ça ne changerait rien au fait :
le génocide perlé en cours depuis l’équivalent d’une existence est le premier
des crimes.
Soyons lucide : ce que veulent Netanyahou et sa clique c’est
la disparition de toute trace palestinienne en Palestine. Comment cela se
nomme-t-il lorsqu’on planifie et met en œuvre les moyens nécessaires à une telle
fin ? Ce qui aurait été commis par n’importe quel autre Etat, tiens, au
hasard, la Russie de Poutine, dans un territoire ne relevant pas de sa
souveraineté, aurait déclenché des condamnations sans appel, des sanctions tous
azimuts, la mobilisation de la justice pénale internationale et surtout une
aide militaire massive pour la nation victime… mais avec Israël, rien, mieux
même : le soutien aux sanguinaires représailles disproportionnées.
L’attaque du Hamas apparaît déjà bien modeste par rapport à
tout ce qui a été perpétré depuis. Et si l’on ajoute à cela les décennies d’une tyrannie israélienne qui étouffe méthodiquement Gaza et dévore jour après
jour la Cisjordanie, la violence déchainée du Hamas prend des airs de baroud
suicidaire.
Seule solution : un coup d’arrêt immédiat imposé de
force à la vengeance hypertrophiée de l’Etat israélien et la décision
internationale de rendre l’intégrité territoriale à la Cisjordanie tout en
désenclavant la bande de Gaza. Malheureusement les extrêmes de tous bords ont
le vent mauvais en poupe et rien de viable ne se profile : d’un massacre
l’autre comme seul horizon. Et ce n’est pas le croulant Biden qui aura
l’envergure historique de lancer un ultimatum au Premier ministre
israélien : un cessez-le-feu suivi de vraies négociations pour qu’enfin
vive un Etat palestinien. Ça, ce sera lorsque les colons israéliens auront un
cortex insulaire accessible à l’empathie pour les Gazaouis sans avenir…